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mercredi 15 février 2012

Sartre, la psychanalyse existentielle



La psychanalyse existentielle est une méthode dont l'objectif est de mettre en lumière, de façon objective, le choix subjectif, par lequel chaque personne se fait personne, c'est à dire annoncer à elle-même ce qu'elle est selon ce qu'écrit Sartre au chapitre II de L'Etre et le Néant.

Critique de la psychologie traditionnelle

Selon le philosophe, qui a mis en lumière, de façon peut-être définitive, la notion de liberté, la psychologie traditionnelle est victime d'une illusion substantialiste quand elle définit l'homme par ses désirs, comme s'ils étaient dans l'homme, à titre de contenus de conscience.
"...si je désire une maison, un verre d'eau, un corps de femme, comment ce corps, se verre, cet immeuble pourraient-ils résider dans ma conscience et comment mon désir pourrait-il être autre chose que la conscience de ces objets désirables?" ibid
La psychologie traditionnelle évite toute idée de transcendance alors que Sartre met en garde contre le fait, "de considérer ces désirs comme de petites entités psychiques habitant la conscience". Freud a placé les désirs dans les domaines d'Eros et de Thanathos à l'intérieur du ça, contenant des pulsions qui apparaît bien répondre à ce que Sartre nomme "entité psychique"
La psychologie traditionnelle évite, selon son point de vue, toute transcendance, alors que l'existentialisme considère que les désirs constituent la conscience elle-même, "dans sa structure originelle projective et transcendantale" en tant que conscience de quelque chose.

Oeuvre de Delphine Cossais,qui a créé une série de toiles sur le thème de l''érotisme
L'existentialisme

Pour la philosophie existentialiste, l'homme n'est pas une monade subjectivement repliée sur elle-même. L'homme n'est pas non plus l'expression d'une essence définissable a priori.De même que nous ne sommes pas réduits à notre comportement, comme l'affirme le behaviourisme, et réduit à un "dehors sans dedans". Nous n'existons qu'en tant que nous ne sommes pas l'objet de nous-mêmes. Mais l'existence ne suffit pas à elle-même car l'existence est recherche de transcendance et que l'homme a le pouvoir de se dépasser sans cesse avec lui-même. Jaspers, Nietzche, avaient déjà vu que l'home n'existe pas sans cet élan au-delà de lui-même.
Cet élan, cette tension, possède une portée éthique et il se situe entre deux abîmes; le premier est celui du monde avec le risque de sombrer en son milieu; le second est celui de l'évasion, sous prétexte de se retrouver dans la solitude et de n'être plus rien. 

tableau de Delphine Cossais

Quel est la nature de cet élan? De cette tension ayant une portée éthique? De quoi est faite cette marche entre deux abîmes?
J'ai trouvé des éléments de réponse en relisant L'existentialisme est un humanisme, cette courte conférence de Sartre donnée en 1945, à la demande du club Maintenant, créé à la Libération dans un but d'animation littéraire et intellectuelle, dont le pays avait bien besoin. Voici ce que dit le philosophe:

" Par humanisme on peut entendre une théorie qui prend l'homme comme fin et comme valeur supérieure. Il y a un humanisme dans ce sens chez Cocteau quand dans son récit, Le Tour du monde en 80 heures, un personnage déclare, parce qu'il survole des montagnes: l'homme est épatant. Cela signifie que moi, personnellement qui n'ai pas construit les avions, je bénéficierai de ces inventions particulières, et que je pourrais, personnellement, en tant qu'homme, me considérer comme responsable et honoré par des actes particuliers à quelques hommes. Cela supposerait que nous pourrions donner une valeur à l'homme d'après les actes les plus hauts de certains hommes. Cet humanisme est absurde, car seul le chien ou le cheval pourraient porter un jugement d'ensemble sur l'homme et déclarer que l'homme est épatant, ce qu'ils n'ont garde de faire, à ma connaissance tout au moins. Mais on ne peut admettre qu'un homme puisse porter un jugement sur l''homme. L'existentialisme le dispense de tout jugement de ce genre: l'existentialisme ne prendra jamais l'homme comme une fin, car il est toujours à faire. Et nous ne devons pas croire qu'il y a une humanité à laquelle nous puissions rendre un culte à la manière d'Auguste Comte. Le culte de l'humanité aboutit à l'humanisme fermé sur soi de Comte, et, il faut le dire, au fascisme.
Mais il y a un autre sens de l'humanisme, qui signifie au fond ceci: l'homme est constamment hors de lui-même, c'est en se projetant et en se perdant hors de lui qu'il fait exister l'homme et, d'autre part, c'est en poursuivant des buts transcendants qu'il peut exister; l'homme étant ce dépassement et ne saisissant les objets que par rapport à ce dépassement, est au coeur, au centre de ce dépassement..."                                                                                     
                                                                                 

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