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jeudi 2 février 2012

Sartre, la psychanalyse existentielle



Sartre et l'inconscient

Sartre attribue une responsabilité totale à l'homme, c'est le philosophe de la liberté. Même si cette idée est contestable, pour diverses raisons qui pourront être développées ultérieurement, il n'en reste pas moins que ce point de vue nous procure quelque chose de réconfortant, un vif espoir en ce qui concerne notre destinée. Il en est de même pour la théorie freudienne qui permet à l'homme, par la pratique de l'analyse, d'être un peu moins le jouet d'une nature animale et violente. Pour moi les deux sont des théories vitalistes. Michel Onfray emploie ce terme dans sa "charge" contre Freud, "Le crépuscule d'une idole", qui fit bondir d'indignation les tenants de Freud, et ils sont nombreux.
Voici mon point de vue, une fois n'est pas coutume dans ce blog où je diffuse, en direction de ceux qui veulent bien me lire, le résultat modeste et parcellaire de mes lectures: l'homme souffre d'une douleur, universellement. D'aucuns ont parlé "d'être tragique" ou "d'être pour la mort"; il souffre également d'une double nature à la fois animale et spirituelle (en principe); il souffre aussi d'un sentiment de faiblesse vis à vis de la nature et, vis à vis de la société des hommes. Cela fait beaucoup de faiblesses pour ses petites épaules. Alors, il est peut être bon de considérer les théories philosophiques comme les médecines douces. Prenons l'exemple de l'acupuncture dont  le mode d'action n'est pas démontré scientifiquement par contre, ce qui est évident, et toutes les études le prouvent, est qu'elle soulage et qu'elle guérit un bon nombre de maladies. Alors pourquoi  ne pas utiliser la philosophie, comme les médecines douces ? Un peu de ciel, des Idées et de voûte étoilée des  Valeurs, en cas d'égarement; un peu de morale universelle et d'impératif catégorique en cas de faiblesse passagère; une plongée dans le ça, quand cela pulse trop en nous; une bonne lampée de Stoïcisme en cas de blessure ou de lombalgie aigüe, une bonne bouffée de liberté sartrienne face à la vie en général et une double  dose de construction de soi quand on est en difficulté relationnelle ou professionnelle. Ne sont-ce pas d'excellentes dispositions d'esprit?
Assez parlé, passons à Sartre. Une image d'abord.

Représentation des philosophes des Lumières
 
La réfutation de l'inconscient

Sartre nie l'existence de l'inconscient dès le début de L'Etre et le Néant, l'ouvrage célèbre qui explicite la théorie de l'existentialisme et dans lequel il définit l'analyse existentielle. Selon la pensée sartrienne, l'existence précède l'essence. L'exemple d'un objet fabriqué est pris afin d'illustrer ces propos. L'homme qui produit un objet sait à l'avance quelle va être son utilité, dans ce cas-là l'essence précède l'existence. La nature, la fonction, la forme, la matière, d'un coupe-papier ( c'est l'exemple pris par Sartre) sont déterminées à l'avance par le concepteur. Il en est de même pour l'homme si on se place du point de vue religieux, il est le produit d'un concept divin.
L'athéisme a mis un terme à la notion de Dieu mais pas à l'idée que l'essence, la nature humaine, précède l'existence: "chaque homme est un exemple particulier d'un concept universel, l'homme",   selon cette optique. Le refus de ce positionnement anthropologique conduit Sartre à une position claire et nette:

"L'existentialisme athée que je représente est plus cohérent. Il déclare que Dieu n'existe pas, il y a au moins un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c'est l'homme, ou comme le dit Heidegger, la réalité humaine. Qu'est-ce que signifie  ici que l'existence précède l'essence?. Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après." ibid

                                                    

Cette pensée aura un succès foudroyant. C'est, sans conteste, l'existentialisme qui marquera les esprits et qui sera à la base de la notoriété de son auteur. Pour quelles raisons?
Des raisons historiques d'abord, L'être et le Néant a été écrit en 1943, pendant l'Occupation, à une période où le besoin de liberté se faisait cruellement ressentir. Pour des raisons proprement philosophiques ensuite qui s'inscrivent dans l'évolution de la pensée humaine.
Sartre refuse de laisser le concept (Dieu ou autres) réduire l'existence. A ses yeux l'existence ne peut se définir, elle est, sans raison et résiste aux entreprises rationnelles qui prétendent la figer dans un concept absolu. L'unique source du sens incombant à la conscience de l'homme ce qui rapproche Sartre de Nietzsche qui attribue à l'homme le pouvoir de créer des valeurs. C'est une philosophie de la liberté.
L'homme est un être qui a la possibilité de donner un sens à ce qui au prime abord en est dépourvu. Sa liberté consiste à dépasser le donné qu'il est pour lui même (l'en-soi) pour se choisir, en dépit des déterminismes pour devenir ce qu'il doit être (le pour-soi). L'homme n'est d'abord rien, il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait" dit Sartre.
L'accession à l'humanité passe par l'action qui arrache l'homme à son inertie naturelle.

"La conséquence essentielle de nos remarques antérieures, c'est que l'homme étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses épaules: il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d'être. Nous prenons le mot de "responsabilité" en son sens banal de "conscience" (d') être l'auteur incontestable d'un événement ou d'un objet". En ce sens, la responsabilité du pour-soi est accablante, puisqu'il est aussi celui qui se fait être, qu'elle que soit donc la situation, avec son coefficient d'adversité propre, fût-il insoutenable; il doit l'assurer avec la conscience orgueilleuse d'en être l'auteur, car les pires inconvénients ou les pires menaces qui risquent d'atteindre ma personne n'ont de sens que par mon projet; et c'est sur ce fond de l'engagement que je suis qu'ils paraissent. Il est donc insensé de songer à se plaindre puisque rien d'étranger n'a décidé ce que nous ressentons, de ce que nous vivons ou de ce que nous sommes." Sartre, L'Etre et...

                                         

                                                                                                                                       

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