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dimanche 6 novembre 2011

Le malaise dans la culture, le point de vue de Freud


L'essai de Sigmund Freud, Le malaise dans la culture a reçu un accueil mitigé et a souvent été schématisé jusqu'au ridicule, à l'époque de sa parution. Beaucoup y ont vu "la pensée pessimiste d'un vieil homme rongé par un cancer de la mâchoire, se laissant aller à un pessimisme foncier à propos de l'irrépressible agressivité des humains", Le malaise, ibid... Pourtant, l'Europe s'apprêtait à vivre une période de totalitarismes qui la gangrénaient déjà et, qu'il était difficile de ne pas percevoir. Aujourd'hui, cette courte vue sur "Le malaise dans la culture" apparaît fausse et on peut considérer qu'il s'agit d'un écrit "où l'un des grands penseurs du XXe siècle expose, tout simplement, sa conception de la société humaine et sa philosophie de l'histoire".

Cette conception de la réalité sociale et de sa philosophie politique s'inscrit dans un environnement théorique. Freud y introduit le concept de narcissisme et sa nouvelle théorie des pulsions. La psychanalyse est passée, entre 1920 et 1930, d'une "figure" à l'autre. La première topique était constituée du conscient,  du préconscient et de l'inconscient, le sujet, le patient, étant invité à se servir de l'analyse comme un moyen de mettre à jour "un matériel inconscient en grande partie constitué de désirs inacceptables et refoulés". Le sujet se sert de la cure psychanalytique pour devenir "maître chez lui". La première théorie des pulsions opposait donc les pulsions du moi ou pulsions d'auto-conservation aux pulsions sexuelles désignées par le terme de libido.


Alors que la psychanalyse apparaissait comme une discipline optimiste et rassurante pouvant permettre à tout un chacun la mise à jour des déterminations inconscientes des individus "nerveux", promettant ainsi une meilleure adaptation dans la société, Freud va proposer une théorie dualiste qui met la pulsion de vie, Eros, face à la pulsion de mort, Thanathos. Le moi devient impuissant et hanté par l'autodestruction.

"Cette seconde topique est un positionnement philosophique et devient une grille de lecture universelle "s'appliquant au psychisme de l'homme, au monde vivant dans son ensemble et jusqu'en physique dans la polarité attraction-répulsion." Le malaise, ibid.
La première topique avait connu un accueil favorable aux Etats-Unis et la psychanalyse, devenue infréquentable, engendra une extraordinaire floraison de méthodes thérapeutiques (un peu comme l'extraordinaire floraison d'appareils à abdominaux venus d'outre Atlantique permettant soit-disant d'obtenir des  muscles d'acier et qui ne sont que des pâles copies des relevés de buste ou de jambes..). Ces méthodes refusent donc la vraie difficulté de la psychanalyse et les grandes entreprises conseillent ce type de thérapies. Autant marcher sur la braise.   

Quelques précisions sur les deux topiques de l'inconscient selon Freud.

La représentation la plus simple de l'appareil psychique est, selon Freud, la représentation spatiale ou topique. Le terme vient du grec ancien, topos, déjà utilisé par Aristote et étant même le titre de l'un de ses ouvrages, les Topiques, dans lequel il explique sa conception de la logique et du raisonnement.
Le Laplanche et Pontalis donne du concept freudien la définition suivante:

"Théorie ou point de vue qui suppose une différenciation de l'appareil psychique en un certain nombre de systèmes doués de caractères ou de fonctions différentes et disposés dans un certain ordre les uns par rapport aux autres, ce qui permet de les considérer métaphoriquement comme des lieux psychiques dont on peut donner une représentation figurée spatialement."   


Dans cette première topique l'Inconscient est une vaste antichambre dans laquelle se pressent les tendances de la libido qui échappent au regard de la Conscience, le Préconscient veille et refoule les tendances déplaisantes. Les tendances permises ne deviennent conscientes que "si elles réussissent à attirer sur elles le regard de la Conscience" explique Freud. En attendant elles restent dans le Préconscient. Le refoulement consiste en ce qu'une tendance est empêchée de pénétrer dans le Préconscient. Elle reste enfouie dans l'Inconscient. Le fait de ne pas parvenir à mettre fin au refoulement dans l'analyse constitue une résistance. La Conscience étant une sorte de spectatrice,"elle joue le rôle de spectatrice au bout du salon" selon le mot de Freud.                               

   
La seconde topique, ci-dessus, est celle du ça, du Moi et du Surmoi, les pulsions du ça, Eros et Thanatos occupent et gouvernent la majeure partie de l'appareil psychique. Le Moi, Surmoi, et  l'Idéal du Moi sont en partie inconscients. Lacan dira que "nous sommes parlés " par des forces inconnues qui échappent à notre maîtrise. Le Moi est dominé par le principe de réalité, à l'extérieur et les exigences contraires du ça et du Surmoi (les interdits venant de l'éducation et de la culture, des tabous...). A noter aussi que le ça présente des pulsions contraires qui peuvent toutefois se mêler...

   
                                                                                                                                                                          à suivre...  

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