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mercredi 12 octobre 2011

La démondialisation, points de vue



Un  nécessaire changement d'époque


Un nouveau cycle s'annonce après trente années de libéralisme à  l'origine d'une crise mondiale. Le dogme du profit immédiat a brisé les consensus sociaux, affaibli les économies occidentales en y installant le chômage, en favorisant les délocalisations industrielles vers les pays à bas salaires, en développant les emplois précaires et les licenciements boursiers et ce qui est un comble, en réduisant l'imposition des hauts revenus dont les bénéficiaires sont affranchis de toute règle. Par ailleurs, "un assaut  frontal", sans précédent a été donné contre la protection sociale. Les économies occidentales sont fragilisées par ce laisser-faire tragique (démentiel) dont les conséquences morbides ont atteint les états eux-mêmes, surendettés et, à la merci des financiers, des spéculateurs et des agences de notation ( qui ont été incapables de prédire la crise de 2008). La quasi faillite des nations a entraîné l'endettement des ménages, des banques et des entreprises. La coupe est pleine, un retour à une véritable économie s'impose.

France
                             
Grèce
    Un vent de fronde souffle. La droite allemande perd une élection régionale après l'autre, le Danemark est passé à gauche, la droite italienne est en état de décomposition... Après tous les pays d' Europe, avec des variations Nord-Sud, (les manifestations populaires sont plus importantes dans les pays du Sud, alors qu'au Nord, le rôle des syndicats est plus conséquent), Israël entre dans une phase de rejet de cette rigueur unilatérale qui s'abat sur le citoyen de base et  sur les plus démunis.
A présent, les Etats Unis sont également touchés par cette "révolte morale": le mouvement des Indignés se répand dans toute l'Amérique. Joe Biden dit que cela traduit "une suspicion largement partagée envers la manière dont fonctionne le système financier".
Dans le monde arabe, force est de constater que les révoltes, le Printemps Arabe, ont été accélérées par les politiques nuisibles de libération et d'anarchie économique.

" Sous nos yeux, en ce moment même, s'ouvre un nouveau cycle long, celui du retour aux commandes de la puissance publique, après trente années de libéralisme triomphant.". Un libéralisme triomphant et destructeur, des sociétés, des hommes, des protections sociales, de la qualité de vie et de la planète. La sagesse des marchés s'est transformée en fantôme et  mieux en épouvantail, y compris en Chine, où les conflits sociaux se multiplient.
Les citoyens "aspirent partout à un retour de l'Etat arbitre, protecteur et garant du long terme.".   

D'après l'article de Bernard Guetta, Libération (excellent) du 12/10/2011.
                         
                                                                         Les Indignés montent en puissance aux Etats Unis
                                      

Paroles d'Indignés américains  



 " des banques totalement déconnectées de la réalité, qui ont provoqué la crise des subprimes et qui jouent avec le sort de millions de personnes, comme on joue au casino... Nous sommes dans un système politique corrompu, avec deux partis qui se marquent à la culotte et sont dans une impasse." Robert Segal, technicien indigné.  

"Ce que l'on vit aujourd'hui  est le début d'un processus qui doit aboutir à une nouvelle forme de réflexion démocratique. Je suis d'une génération qui n'a plus d'illusion, qui pense qu'elle n'a pas d'avenir. Nous n'avons aucun droit à la parole en Amérique, les citoyens n'ont aucune voix. Tout est bloqué, et la situation au quotidien est de pire en pire." Anj Ferrara, peintre et sculptrice.

"La vérité, c'est que les gens autour de moi en ont assez du système dans lequel on vit, qui est dominé par la finance. C'est la finance qui détruit le tissu social de l'Amérique. Elle a des pratiques illégales, et elle s'est infiltrée partout." Criss Cobb, journaliste.

"Il n'y a plus de place pour l'Américain moyen. Seuls les plus puissants peuvent s'en sortir. Les autres ne peuvent plus payer leurs emprunts immobiliers et n'ont plus d'argent pour vivre décemment. Pendant ce temps, les banques continuent à distribuer des salaires mirobolants et les bonus qui vont avec." Tammy Bick, secrétaire médicale au chômage.

                                               Cleveland contre Wall Street

  • Voici une des critiques de ce film édifiant:
  •  
  • Pariscope - Virginie Gaucher : 2étoiles Cleveland contre Wall Street Cleveland, Ohio. 20 000 familles sont expulsées. La mairie attaque Wall Street. 21 banques s’opposent au procès. Le réalisateur a alors l’idée de filmer un vrai faux procès, réunissant les protagonistes des faits, offrant aux victimes la tribune qu’on leur refuse. Juge, plaignants, avocats, témoins et jury tiennent audience. Les témoignages sont accablants : des clients, parmi les moins éduqués et aux plus bas revenus, tous en quête du modeste rêve américain de posséder sa maison ont obtenu, via des courtiers peu scrupuleux, des financements, puis des refinancements, voire des re-refinancements ! Les taux ? Prohibitifs ! Ces clients étant peu solvables, il fallait bien compenser le risque pris par la banque ! Si on n’a rien compris aux subprimes, cette leçon d’instruction civique expose très clairement la stratégie des financiers. « Tout allait si bien en Amérique » soupire l’un des témoins… Aujourd’hui, pour les banques tout va bien, les expulsions, elles, se poursuivent.
    copié-collé
La crise de la finance globalisée

Il s'agit du titre de l'ouvrage écrit conjointement par Anton Brender et Florence Piscini, deux économistes de qualité. Leur analyse a le mérite d'expliquer la crise actuelle et de poser la responsabilité de la globalisation financière qui s'est accompagné d'une prise de risque accrue des banques. De cette façon, le système est devenu un colosse au pied d'argile qui menace gravement l'économie de la planète. Les politiques au nom de l'idéologie dominante et, croyant fermement à la main invisible des marchés qui par l'opération du Saint-Esprit allait faire en sorte que tout ce beau monde et ce tas de fric dont les citoyens ne voient pas la couleur allait se réguler lui-même. Les fonctions de surveillance et de régulation ayant été abandonnées, la jungle, le chaos financier, plongent tous les pays ou presque dans une crise dramatique, dont on ne voit que le début.

A lire:



La crise financière mondiale de 2011 a-t-elle commencé? (Le Monde): ***clic ***

                                                      
    La mondialisation a échoué, le point de vue de Kostas Vergopulos, professeur d'économie à Paris VIII   

Il s'agit d'une synthèse d'une interview de ce professeur réalisée par Vitorio De Filippis, publiée dans le Libération du 12/10/2011.
Ce spécialiste de l'économie estime que la démondialisation a déjà commencé et qu'il faut accepter que cette idée va s'imposer et que ce concept n'est plus un courant de pensée mais un constat.
C'est la crise financière qui sonne le début du processus: "Jusqu'en 2008, le moteur de la mondialisation était surtout la mobilité des capitaux et une forte intégration mondiale des marchés financiers. Au point que cette intégration a donné lieu à un seul et même marché financier mondial. La libre circulation des capitaux, doublée d'une dérégulation et d'un retrait des états, a provoqué le surendettement. Des états mais aussi des ménages et surtout des banques et des entreprises..."
Les conséquences sont, selon l'économiste, "l'ampleur des déséquilibres et l'explosion des bulles spéculatives" et le fait que le surendettement des pays occidentaux provoque "un mouvement inverse, celui du désendettement" avec une addition très salée pour le citoyen surtout quand il appartient à la classe moyenne et aussi le cortège de destruction du Service Public, éminemment néfaste dans tous les domaines. Cela implique donc "une régression de la mondialisation", les pays tentant de retrouver un équilibre financier, dans un premier temps, sur des ressources nationales ou régionales.

Ainsi certains pays essayent de relancer leur économies en dévaluant leur monnaie et une moindre hostilité au protectionnisme.C'est le cas des Etats-Unis, du Brésil, de la Chine. "Tout le monde tente de réagir, sauf l'Europe qui reste ultralibérale, en retard d'une guerre..." et qui se bat toujours pour une monnaie forte "malgré l'endommagement grave de son tissu productif et ses déséquilibres intrazone euro" souligne très justement l'économiste.

Selon Vergopoulos, le protectionnisme est "le petit côté du problème", la question cruciale étant monétaire: "il faut flexibiliser et même laisser filer l'euro pour réussir la reterritorialisation (néologisme) de nos systèmes économiques. Nous découvrons, après trente années de mondialisation, que nos économies sont de plus en plus difficiles à gérer à cause notamment des effets de la suppression de pans entiers de systèmes productifs."Je me permets d'ajouter à cela que les ouvriers, employés et cadres que l'on avait jetés à la poubelle, dans la sidérurgie par exemple ou dans le textile, l'avaient découvert bien avant que les économistes s'expriment. Passons.

Après cette destruction systématique des industries de nos pays, commence à poindre, fort heureusement, l'idée de "retorrialisation" qui facile ou pas est une nécessité: "Nous ne pouvons pas croire qu'une société puisse vivre uniquement de la production de services. La réalité est simple le chômage frappe quatre millions de personnes, les pauvres qui travaillent sont légion, et la paupérisation est une réalité."

" La cohérence sociale" est plus importante que des téléviseurs à bas prix, d'autant plus que les pays qui profitent de cette économie du tanker, comme le dit l'habile Président de la Banque Centrale européenne, Jean Claude Trichet, refusent de réduire leurs excédents financiers et commerciaux, préférant à la redistribution des fruits de la croissance "un fétichisme de l'épargne" qui mettent, selon une expression que j'affectionne, les pays sur la paille...

Kostas Vergopoulos, professeur d'économie
                                                            
                                                     
à suivre...

                                                                

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