S'opposant à la philosophie traditionnelle et en particulier à Platon et Kant, Michel Onfray propose, pour philosophie, pour le corps, des chemins de traverse, loin "des concepts pâles et désertés", "ses revendeurs de vielles vertus" qui appuient leur pensée, à l'exemple de celle de Kant, sur "un savant complexe d'axiomes, de postulats, de lemmes et de propositions" (La sculpture, p. 27).
Se découvrir en tant qu'individu
Le philosophe de L'Université Populaire a choisi un personnage conceptuel, entendons par cela une personnalité qui, métaphoriquement va guider sa pensée en tant qu'elle s'oppose à la morale des philosophes de la tradition et, qu'elle est l'image d'une vie vouée à la création, à l'usage humain des passions et à la construction de soi à travers les opportunités d'une existence ouverte aux événements. Il s''agit du Condotierre Bartolomeo Colleoni, capitaine à l'époque de la Renaissance italienne dont la statue équestre se trouve Piazza san Giovani à Venise.
"Bartolomeo Collenoni n'est pas le soudard que l'on dit. L'homme fut soldat et il faut bien avoir à l'idée que braver la mort est un métier et que la proximité avec les passions tragiques trempe les âmes autrement que l'ignorance du destin de mortel. Le Condotierre est avant tout une figure de l'excellence, un emblème de la Renaissance qui associe le calme et la force, la quiétude et la détermination et la volonté de régner sur soi avant toute forme d'emprise." (ibid p.20,21).
Pour Onfray, ce personnage se situe "loin des vertus chrétiennes, ces rapetissantes logiques, comme l'humilité qui rabougrit, la culpabilité qui ronge, la mauvaise conscience et l'idéal ascétique qui tuent", il est: "une épiphanie dynamique dans un paysage chaotique, une orgueilleuse exception dans un monde voué aux duplications et aux hommes calculables" (ibid p. 27)
A ce propos et selon une perspective nietzschéenne, c'est l'éthique collective instituée qui s'impose aux individus, à ceux qui sont réactifs en particulier, afin d'éviter justement, les réactions imprévisibles qui pourraient mettre en danger l'ordre établi. Ainsi, l'homme est rendu "calculable" en ce qui concerne ce qu'il peut faire et ce qui peut lui être imposé, ce qu'il peut subir. Ainsi, s'établira ou est établi (il y a là une question) la victoire absolue de la société sur l'individu par les moyens de la démocratie et de la culture.
Michel Onfray à propos des "performances"
"Dans l'immédiat après-guerre, ce sont les situationnistes qui formulent théoriquement le principe de la construction de situation. Il s'agit de mettre en forme, dans la vie quotidienne, sous ses modalités les plus simples, la confusion de l'éthique et de l'esthétique." (ibid p. 96)
"Jeu avec le kaîros, jubilation des vitalités débordantes, cultes faustiens de l'énergie, de l'acte, virtuosité pratique conductrice et mise en forme d'un style, sculpture du temps, art de soi, construction de situations subsersives, les performances récapitulent les soucis du Condotierre. Elles magnifient une maïeutique en quête d'accouchements qui la dépassent: découvrir en sollicitant l'avènement, faire en se faisant. Sculpter sa propre statue, désirer la vie transfigurée et insuffler l'esthétique dans l'éthique." (ibid p.98)
La morale esthétique
La philosophie "sent la poussière" et elle accomode "les vieux reliefs" des religions". Le bourgeois, adepte de ces vieux restes est aussi adepte des vertus chrétiennes, il refuse la proximité de l'éthique et de l'esthétique et dénonce l'esthète.
L'homme adepte de la morale esthétique au contraire, sait faire des pulsions, des forces agissantes, considère la vie comme un combat contre l'immobilisme, il veut transformer sa vie en oeuvre d'art, il invente de nouvelles formes de vie, tout comme le philosophe-artiste de Nietzsche.
Le Pulle de Emma Dante (traduction: Les Putains)
Michel Onfray et le théâtre de la cruauté
"Il faut libérer les rêves, les obsessions érotiques, transfigurer les fascinations pour le crime, laisser libre cours à l'utopie et soumettre la vie à cet idéal d'un ailleurs situé entre l'imaginaire et les événements" (ibid p.99)
Le philosophe-artiste:
- il se fait l'incarnation d'une puissance que rien ne distrait;
- il s'arrache à la contingence historique;
- il marque son époque;
- il crée un nouvel ordre;
- il détruit l'ordre ancien;
- il accepte les forces qui l'habitent;
- il refuse la passivité, il est actif;
- il est optimiste;
- il est individualiste;
- il pratique les affinités électives;
-il est l'homme qui produit du sens...
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La sculpture de soi, se mettre en mouvement
Le bourgeois est adepte de Parménide: il est soucieux de ses biens, de son existence et vit comme s'il ne devait jamais mourir. Par exemple (j'ai fait une rapide recherche pour étayer cette affirmation), le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, gagne 9 240 809 euros annuels, soit 572 smic par mois à 1344 euros mensuel... Donc pour le bourgeois,"L'Un Parménidien lui sied ", surtout ne rien changer: L'argent, l'or, les richesses et les biens matériels sont ses attributs et toute son existence est tournée du côté de l'avoir. Par ailleurs, le bourgeois s'est doté de moyens d'existence , d'instances et d'instruments et "assurent leurs promotions dans des lieux où fonctionnent de redoutables machines à produire des domestiques".
L'adepte de la sculpture de soi aime le divers et le multiple, il se place, du côté d'Héraclite. C'est la mobilité qui est privilégiée dans le but de créer des opportunités pour dépenser l'énergie.
"La volonté esthétique vise l'oeuvre ouverte: sa nature suppose qu'elle est nouvelle à chaque considération dont elle fait l'objet. Jamais terminée, toujours en mouvement, obéissant à sans cesse plus de sollicitations, elle ne se fige à aucun moment. Elle est comme le fleuve du Philosophe d'Ephèse, un flux, une coulée déterminée par le dynamique" (ibid)
L'existence est une "oeuvre ouverte" qui nécessite "un soucis esthétique perpétuel": inventer de nouvelles possibilités de vie afin "d'augmenter les chances de cristallisations heureuse", de découvrir de nouvelles perspectives grâce au nomadisme, "Le poids de l'or alourdit les immobiles , et, en retour, transforme ces richesses là en chaînes" dit Onfray. Avoir le goût de l'aléatoire permet de composer de libres variations, d'être familier du "hasard objectif" et de "solliciter l'événement par une bienveillance lointaine, très lointaine" (ibid)
Vivre les passions dans la perspective de l'hédonisme
Ne pas éradiquer les passions afin de ne pas "vider l'homme de sa substance" comme le veut l'idéal ascétique qui clame: "Haro sur les passions! Haine à l'enthousiasme!"
Selon Michel Onfray une éthique affirmative veut la part animale de l'homme jusqu'à l'acceptable et accepte donc l'épanouissement de ce qui passe souvent comme répréhensible: les rires, les larmes, l'érotisme,la mort,, la saleté, la transgression, le sacrifice... Cette partie animale de l'être humain, animale c'est pour éviter la répétition mais cette part est bien humaine donc laissons les animaux tranquilles, ces conduites qui transgressent l'ordre n e sont condamnables que si elles se mettent au service du négatif, dans la destruction et les oeuvres de mort.
"Toutes la question éthique réside dans la détermination des limites: à partir de quel moment ces puissances magnifiques risquent-elles de basculer du côté sombre? L'hédonisme permet une réponse. Disons-le d'une première manière indicative avant de préciser plus avant: tout est acceptable qui procure de la jouissance, tout est condamnable qui procure de la souffrance. En vertu du mouvement naturel et universel, qui pousse les hommes à rechercher le plaisir, à aller vers lui, à le désirer en même temps qu'à fuir le déplaisir, à s'éloigner de la douleur, de la souffrance et des peines, il s'agit de réaliser une intersubjectivité contractuelle dans laquelle les sujets consentent, l'un et l'autre, à une algèbre des plaisirs qui s'instruise des parts maudites." (ibid p. 148)
à suivre , en cours d'écriture pour être plus précis... avec un peu de retard...
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