Après avoir souligné les différences entre l'existentialisme et le freudisme, voici la dernière étude concernant la psychanalyse existentielle.
En définitive la psychanalyse existentielle est une méthode destinée à mettre en lumière , sous une forme rigoureusement objective, le choix subjectif par lequel l'homme se fait être, c'est à dire fait annoncer à lui même ce qu'il est.
L'homme face à la liberté à la façon de Magritte
Textes complémentaires: voici les dernières lignes que Sartre consacre à la psychanalyse existentielle au chapitre II de L'être et le néant, à la section Faire et avoir qui constitue la fin, avant les Perspectives morales, de cette oeuvre magistrale.
"Les conduites étudiées par cette psychanalyse ne seront pas seulement les rêves, les actes manqués, les obsessions et les névroses mais aussi et surtout les pensées de la veille, les actes réussis et adaptés, le style, etc. Cette psychanalyse n'a pas encore trouvé son Freud: tout au plus peut-on en trouver le pressentiment dans certaines biographies particulièrement réussies. Nous espérons pouvoir tenter d'en donner deux exemples, à propos de Flaubert et de Dostoïeski. Mais il nous importe peu , ici, qu'elle existe: l'important pour nous c'est qu'elle soit possible."
"L'ontologie ne saurait formuler elle-même des prescriptions morales. Elle s'occupe uniquement de ce qui est, et il n'est pas possible de tirer des impératifs de ses indicatifs. Elle laisse entrevoir cependant ce que sera une éthique qui prendra une responsabilité en face d'une réalité humaine en situation"
"Ainsi la psychanalyse existentielle est une description morale car elle nous livre le sens éthique des différents projets humains: elle nous indique la nécessité de renoncer à la psychologie de l'intérêt, comme à toute interprétation utilitaire de la conduite humaine , en nous révélant la signification idéale de toutes les attitudes de l'homme. Ces significations sont par delà l'égoïsme et l'altruisme, par delà aussi les comportements désintéressés. L'homme se fait homme pour être Dieu, peut-on dire: et l'ipséité, considérée de ce point de vue, peut paraître un égoïsme: mais précisément parce qu'il n'y a aucune commune mesure entre la réalité humaine et la cause de soi qu'elle veut être, on peut très bien dire que l'homme se perd pour que la cause de soi existe. On envisagera alors toute existence humaine comme une passion, le trop fameux amour-propre n'étant qu'un moyen librement choisi parmi d'autres pour réaliser cette passion."
"La psychanalyse existentielle va lui faire découvrir (à l'homme) le but réel de sa recherche qui est l'être comme fusion synthétique de l'en-soi avec le pour-soi; elle va le mettre au fait de sa passion. A vrai dire, il est beaucoup d'hommes qui ont pratiqué sur eux-mêmes cette psychanalyse, et qui n'ont pas attendu de connaître ses principes pour s'en servir comme d'un moyen de délivrance et de salut. Beaucoup d'hommes savent, en effet , que le but de leur recherche est l'être; et dans la mesure où ils possèdent cette connaissance, ils négligent de s'approprier les choses pour elle-mêmes et tentent de réaliser l'appropriation symbolique de leur être en-soi... "
"Mais l'ontologie et la psychanalyse existentielle (ou l'application que les hommes ont toujours fait de ces disciplines) doivent faire découvrir à l'agent moral qu'il est l'être par qui les valeurs existent. C'est alors que la liberté prendra conscience d'elle-même et se découvrira dans l'angoisse comme l'unique source de la valeur..."
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