Après la société liquide, voici la société en poudre, laquelle poudre est soluble dans le liquide qui à son tour peut disparaître et ne donner que du vent. Peut-être un jour traiterai-je de la société du vent.Commençons cet article par une citation extraite , encore une fois, de cet ouvrage qui me tient à l'estomac, La Barbarie intérieure de Jean- François Mattei, intervention philosophique, PUF, 1990.
" Parmi d'autres récits, le monde moderne se laisse approcher par les deux apologues du Désert des Tartares et de La ruine de Kash. Il nous font pressentir comment la raison triomphante, dans la lumière du désert, ou les ténèbres de la ruine, a évacué l'idée de limite pour déserter le monde du sens.
La possibilité de rendre vide, arbitraire sa propre pensée fut la seule Sirène à laquelle ait obéi le pur occidental. Ulysse savait s'entourer de liens, restant ainsi dans les limites de l'humain, pour écouter le chant des Sirènes et laisser la voie,un temps au grand désir; mais il revenait ensuite à lui même, pour au bout de l'exil dans les cavernes de Calypso et de Circé, retrouver son royaume.
L'occidental a dénoué les liens de ses mythes fondateurs, ceux des dieux, du monde et des hommes, pour laisser le sujet- celui qui croit toujours commander et qui pourtant obéit l'étrange soin de régner sur son propre désert."
Le désert des tartares, publié en 1940, adapté en 1976, est un roman majeur de l'écrivain et journaliste Dino Buzzati. Il s'agit d'une fable philosophico-existentielle qui raconte la "non-épopée" d'un jeune officier en quête de gloire, affecté dans un fort, au milieu du désert. Plein d'espoir et de rêve de gloire, Giovani Drogo ne voit rien venir. Cependant, il persiste à rester sur place, à vivre l'existence monotone et austère du fort.
Il s'agit donc d'un récit existentiel, une parabole de l'essence même de la vie, faite d'une perpétuelle attente, celle du"grand événement sauveur". Mais dans la vie, comme le dit Houellebecq " tout arrive, surtout rien".
Le carpe diem peut nous aider à ne pas fonder notre bonheur sur un hypothétique avenir mais plutôt à profiter du présent. C'est un principe simple mais difficile à mettre en oeuvre, l'homme passant son temps à se projeter, à attendre autre chose.
Roberto Calasso est un auteur italien, né en Toscane en 1941 qui compose des romans complexes mais populaires dans un style érudit: Le fou impur, 1974; Les ruines de Kash,1987; Les noces de Cadmos, 1988; La littérature et les Dieux, 2002. On y croise Talleyrand, Bouddha, Freud, Zeus et d'autres divinités grecques ou celtes.
Son idée maîtresse est que les Dieux étaient les hôtes d'élection de la littérature, puis ils se sont absentés, dissous, recylés dans des récits plus laïques. Le divin s'est évaporé des mots, vaincu par le social et la technologie. Calasso s'interroge sur ce qu'il en coûte à un réel sans transcendance d'envahir l 'imaginaire des humains: la place est libre pour les absolus de misère ou pour la matrice des totalitarismes faciles au sein d'une modernité désanchantée où errent des clones consuméristes et des âmes incendiées.
A suivre...
Intéressant mais des incohérences (à mon avis) et une faute d'orthographe ("cette" article) et une de syntaxe et + ( "et qui pourtant obéit l'étrange soin..." ? Là, vous avez sûrement voulu dire "obéit à l'étrange besoin de régner..."
RépondreSupprimerCeci dit, ce que je ne comprends pas est que vous semblez vouloir mettre en avant que l'homme a perdu ses liens avec les mythes fondateurs, qu'il a délaissé les dieux et sa dimension spirituelle et, en même temps, vous faites appel à ce fameux "carpe diem" (et l'illustration du derrière de la dame laisse penser que l'homme peut retrouver cette dimension perdue dans ce que je n'ai pas besoin d'énoncer...) ce qui ne résout pas du tout le problème, il ne fait que le contourner.
En tout cas, cela m'a donné envie de relire le Désert des tartares de Dino Buzzati. Je ne connaissais pas l'écrivain italien dont vous parlez, je vais essayer de me procurer un de ses livres...
A la prochaine!