Marc Richir est un philosophe belge qui pratique la philosophie comme l'escalade. Son oeuvre qui se situe au croisement de Husserl et Dostoïevski est centrée sur l'expérience du sublime, ce moment où nous ressentons ce qui nous dépasse (du moins pour certains d'entre nous).
La conscience et le monde
Marc Richir propose une réélaboration du projet phénoménologique de compréhension du rapport entre la conscience et le monde emtamée par Husserl et poursuivie par Sartre, Merleau-Ponty et Emmanuel Lévinas.
Il fait un retour à la philosophie première, celle qui recherche les principes des grandes notions: la pensée, le temps, le langage, l'imagination, l'histoire, l'affectivité et le corps, le sublime et la transcendance,le bien et le mal. "L'énigme du sens est qu'il se perd plus facilement qu'il ne se gagne et qu'il n'en existe nulle part de maître." affirme t-il afin de problématiser sa recherche.
A mon sens cela est vrai non pas seulement dans les grandes questions de la philosophie première mais dans tous les domaines de la vie; n' a t-on pas perdu aujourd'hui le sens de la vie sociale qui fondait une société?
Selon Marc Richir, Husserl est le père fondateur de tous les philosophes du XXème siècle. C'est le philosophe qui a relancé la "démarche transcendatale" de Kant qui consiste à ne pas interroger le réel mais le rapport de soi au réel.
Husserl propose la méthode la plus radicale pour reprendre à la racine la question de notre rapport au monde. Cette démarche s'appuie sur ce qu'il appelle la réduction, la suspension du jugement, l'épokhé. Il s'agit de mettre hors circuit la positivité des choses mais aussi de soi-même qui les pense ou les imagine afin de découvrir comment la conscience les vise.
Ce lien entre la pensée et l'objet que Husserl appelle la visée intentionnelle ne se trouve ni dans la tête de l'homme, ni dans l'objet, il est nulle part dans l'espace.
"Ainsi par exemple, quand j'écoute une mélodie, la musique distincte des sons n'est ni dans l'espace physique, ni dans ma tête, parce qu'il ne suffit pas que je vise les sons pour entendre une musique. Ou encore, lorsque je perçois un champ de lavande au cours d'une promenade, cette perception ne se trouve ni dans l'objet, ni dans ma tête. Elle est nulle part dans l'espace. Ce nulle part, ce rien que phénomène me hante."
Petit paysage de nulle part (mireil.artblog.fr)
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