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samedi 25 juin 2011

Zygmunt Bauman," La vie en miettes. Expérience postmoderne et moralité", analyses et études connexes



Recherche de la raison postmoderne

A l'époque prémoderne, la morale était fondée sur l'ordre religieux dont la pierre angulaire n'était pas la mauvaise action ou le péché, mais l'idée de repentance et de rédemption. Il faut noter que les religions font bon mènage avec le caractère inévitable de la faute morale et selon Bauman "concentrent plutôt leurs efforts sur les moyens de calmer la douleur en prescrivant une nette repentance liée à la promesse de rédemption.". Il existe pour l'inconfort de l'ambivalence morale (cet affrontement inévitable entre le bien et le mal) un " traitement a posteriori, distribué collectivement au nom d'un pouvoir qui transcende la compréhension du pécheur.."
La modernité refonde le monde sur la rationnalité: la loi est "l'outil principal" de cette reconstruction conçue comme un nouveau départ pour l'humanité. La loi coincide avec un code éthique qui empêche de faire le mal en énonçant "une certitude a priori". Ainsi le projet moderne proposait un monde délivré des pécheurs, du péché, et de la possibilité de le commettre. Pour l'individu, "l'acteur moral", ce changement semble être bénéfique car "il dissipe le brouillard où il  évolue et lui évite le sentiment que le compte ne peut jamais être soldé, le travail jamais achevé.". La loi est là pour donner les certitudes sur le plan moral. La culpabilité disparaît. Selon les mots de Bauman, ce système est à l'origine de la personnalité "non encombrée", "désenchassée" qui a la possibilité " de se définir et de s'affirmer elle-même.".
A l'époque postmoderne, "l'affection de l'autonomie perdure" car la modernité a offert une "liberté absolue" avec des moyens officiels d'y échapper (la loi qui on le sait ne demande qu'à être contournée ou suivie et, c'est à ce titre que l'auteur emploie cette expression de liberté absolue). L'Etat possède le monopole éthique, "la tyrannie du choix fait son retour" dans un univers d'économie de marché dans lequel il ne s'agit plus de compétence morale mais d'un savoir-faire de l'acteur "impliqué dans ces achats". D'où d'interminables discussions sur les avantages d'aller faire ses courses dans telle ou telle enseigne ou, sur les mérites de tel ou tel lave-vaiselle.
"Célébrons donc l'avènement d'un monde non encombré...Les principes universels et les vérités absolues ayant disparu ou passé de mode, peu importe désormais quels principes personnels et privés, l'individu épouse.".



                                                 

Texte complémentaire (oui, je sais, c'est très scolaire)

La crise des fondements éthiques selon Edgar Morin

"La crise des fondements éthiques est produite par et, productrice de:

- la détérioration accrue du tissu social en de nombreux domaines;
- l'affaiblissement de l'impératif communautaire et de la Loi à l'intérieur des esprits;
- la dégradations des solidarités traditionnelles;
- le morcellement et parfois la dissolution de la responsabilité dans le cloisonnement et la bureaucratisation des organisations et entreprises;
- le caractère de plus en plus extérieur et anonyme de la réalité sociale par rapport à l'individu;
- le sur-développement du principe égocentriste au détriment du principe altruiste;
- la désarticulation du lien entre individu, espèce  et société;
- la dé-moralisation qui culmine dans l'anonymat de la société de masse, le déferlement médiatique, la survalorisation de l'argent."
                                                                               Edgard Morin, La méthode, 6. Ethique, p. 27, Editions du Seuil,2004.







                                                               

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