Le fascisme se caractérise par une propagande qui envahit tous les domaines, et le discours critique ou alternatif est impossible. La raison est tenue pour un facteur de décadence, "un ferment de décomposition" (ibid), au profit de l'instinct national. "La mise en forme de cette déraison pure suppose le chef charismatisque, le grand organisateur, le principe de cristallisation."
Le fascisme de renard tire son expérience de ce passé révolu et suppose comme le dit Onfray " des arrangements formels, des révolutions de signifiants". C'est à dire qu'il va se présenter sous d'autres atours et utiliser d'autres signes, d'autres mots ou images. C'est ce que l'auteur appelle très justement "le libéralisme plastique" et cette plasticité lui donne sa force: le libéralisme récupère tout à son profit, les esprits, les corps, la culture et bien évidemment l'économie.
De quelle façon? La violence purement physique est mise, en principe, à l'écart: le renard remplace le lion, et cet animal moins doué de force est dangereux; il utilise la ruse, la rouerie, la filouterie, le mensonge, le secret, l'arnaque... Le visage est différent, mais le contenu est le même "il s'agit de réduire le divers à l'un et de soumettre les individualités à une communauté qui les transcende" .selon Onfray. On reconnaît sans peine la mondialisation, la globalisation, le consumérisme, la destruction des identités; pour cela sont utilisés la pensée magique (le marché se régule tout seul-comme un grand-) et le recours aux instinct ( la gande foire ordinaire de la consommation à outrance, la pub, les médias, la sous-culture), afin que comme pendant le règne de son vieux et malodorant vieux frère, la raison soit tenu à l'écart, complètement à l'écart, avec la complicité des hommes politiques et de l'Europe pour ce qui nous concerne au plus proche.
La méthode
"On intimide": Les discours politiques destinés à inquiéter (la crise, les crises, les passées, celles à venir...), l'apparat des drands systèmes ( l'Europe, le G20,7,8, le FMI, l'OMC ) et tout ces gens qui posent avec de grands sourires, tapes sur l'épaule, plaisanteries que l'on entend pas, mais dont on devine que la teneur n'est pas au niveau du citoyen de base qui de toutes façons n'aura qu'une solution: serrer d'un grand sa ceinture et ouvrir son porte-monnaie.
"On justifie la terreur": La terreur économique qui frappe les salariés, les cadres et les petits patrons. La dette, encore la crise, le spectre sans cesse agité de la concurence, c'est à dire la fuite des grandes entreprises vers les pays asiatiques ou les travailleurs sans droit, sans protection, sous-payés, ne se trouvent pas si éloignés de la condition d'esclaves.
" Des ennemis sont transformés en bouc émissaires": Les salariés qui bénéficient encore d'une protection sociale ( le rêve du patronat est une main d'oeuvre flexible, docile, peu payée, peu onéreuse, d'un bon rendement et muette), le fonctionnaire, ennemi dangereux entre tous, livré à la vindicte populaire des idiots parcequ'il a su conserver presque jusqu'à nos jours, un statut, des conditions de travail, une protection, des salaires raisonnables- comme on vient de le voir. Il est préférable d'avoir à sa disposition des salariés nus et crus. La protection sociale, les congés payés, les 35h, les syndicats, les professeurs, sont également des ennemis déclarés: le discours est violent, mis en application, il ferait régresser l'Europe au XIX° siècle.
"L'esprit est matraqué", les discours politiques, les médias, la publicité...
Pour info, Michel Onfray sera demain vendredi 8 avril à Ollioules pour un débat avec Boris Cyrulnik : http://actuphilo.com/2011/04/06/critique-et-defense-de-la-psychanalyse-conference-debat-cyrulnik-onfray/
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