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dimanche 27 mars 2011

Fascisme de lion, fascisme de renard, selon Michel Onfray



Le fascisme casqué, armé et botté a disparu selon le créateur de l'Université Populaire de Caen. Le fascisme de lion avait l'avantage d'être visible, dans la rue, les commissariats, les universités, les écoles de guerre et autres lieux sensibles. Ce type de fascisme que l'humanité a connu pendant la période qui a précédé la Seconde Guerre Mondiale et pendant celle-ci, a été par la suite souvent mis en oeuvre par les Américains en Amérique du Sud au XX° siècle. Il perdure actuellement dans quelques pays africains et aussi en Birmanie.
Le fascisme de lion est entré dans les livres d'histoire. Il supposait une "communauté nationale mystique qui ingère et digère visiblement les individualités au profit de transcendances mystiques- la Race-le Peuple-la Nation..." Michel Onfray, La puissance d'exister, p 225,Biblio essais, 2006. La vie privée disparaît dans "l'athanator" en fusion de la collectivité toute puissante. Le terme athanathor provient probablement de l'arabe" al-tannoun", désignant le four à pain traditionnel; une autre origine est avancée: l'athannatos grec, l'immortel. L'athanator désigne également un four d'alchimiste à cuisson très lente. L'image correspond à cette fusion des corps et des esprits, à l'oeuvre dans le fascisme, avec ce désir insensé d'éternité que l'on retrouve dans le Reich pour 1000 ans des Nazis.


  


Le fascisme se caractérise par une propagande qui envahit tous les domaines, et le discours critique ou alternatif est impossible. La raison est tenue pour un facteur de décadence, "un ferment de décomposition" (ibid), au profit de l'instinct national. "La mise en forme de cette déraison pure suppose le chef charismatisque, le grand organisateur, le principe de cristallisation."


Le fascisme de renard tire son expérience de ce passé révolu et suppose comme le dit Onfray " des arrangements formels, des révolutions de signifiants". C'est à dire qu'il va se présenter sous d'autres atours et utiliser d'autres signes, d'autres mots ou images. C'est ce que l'auteur appelle très justement "le libéralisme plastique" et cette plasticité lui donne sa force: le libéralisme récupère tout à son profit, les esprits, les corps, la culture et bien évidemment l'économie.
De quelle façon? La violence purement physique est mise, en principe, à l'écart: le renard remplace le lion, et cet animal moins doué de force est dangereux; il utilise la ruse, la rouerie, la filouterie, le mensonge, le secret, l'arnaque... Le visage est différent, mais le contenu est le même "il s'agit de réduire le divers à l'un et de soumettre les individualités à une communauté qui les transcende" .selon Onfray. On reconnaît sans peine la mondialisation, la globalisation, le consumérisme, la destruction des identités; pour cela sont utilisés la pensée magique (le marché se régule tout seul-comme un grand-) et le recours aux instinct ( la gande foire ordinaire de la consommation à outrance, la pub, les médias, la sous-culture), afin que comme pendant le règne de son vieux et malodorant vieux frère, la raison soit tenu à l'écart, complètement à l'écart, avec la complicité des hommes politiques et de l'Europe pour ce qui nous concerne au plus proche.


  


La méthode     


"On intimide": Les discours politiques destinés à inquiéter (la crise, les crises, les passées, celles à venir...), l'apparat des drands systèmes ( l'Europe, le G20,7,8, le FMI, l'OMC ) et tout ces gens qui posent avec de grands sourires, tapes sur l'épaule, plaisanteries que l'on entend pas, mais dont on devine que la teneur n'est pas au niveau du citoyen de base qui de toutes façons n'aura qu'une solution: serrer d'un grand sa ceinture et ouvrir son porte-monnaie.
"On justifie la terreur": La terreur économique qui frappe les salariés, les cadres et les petits patrons. La dette, encore la crise, le spectre sans cesse agité de la concurence, c'est à dire la fuite des grandes entreprises vers les pays asiatiques ou les travailleurs sans droit, sans protection, sous-payés, ne se trouvent pas si éloignés de la condition d'esclaves.
" Des ennemis sont transformés en bouc émissaires": Les salariés qui bénéficient encore d'une protection sociale ( le rêve du patronat est une main d'oeuvre flexible, docile, peu payée, peu onéreuse, d'un bon rendement et muette), le fonctionnaire, ennemi dangereux entre tous, livré à la vindicte populaire des idiots parcequ'il a su conserver presque jusqu'à nos jours, un statut, des conditions de travail, une protection, des salaires raisonnables- comme on vient de le voir. Il est préférable d'avoir à sa disposition des salariés nus et crus. La protection sociale, les congés payés, les 35h, les syndicats, les professeurs, sont également des ennemis déclarés: le discours est violent, mis en application, il ferait régresser l'Europe au XIX° siècle.
"L'esprit est matraqué",  les discours politiques, les médias, la publicité...





Voici ce que dit Michel Onfray:

" Le succès de l'entreprise se confirme, dans les zones à domination libérale- l'Europe maastrichienne en faisant bien sûr partie- L'édition et la presse servent le même brouet insipide; les politiciens au pouvoir, droite et gauche confondues, défendent un même programme, sous de fausses différences orchestées pour le spectacle; la pensée dominante célèbre les dominants; le marché fait la loi sur la totalité des secteurs, éducation, santé, culture...mais aussi armée, police; les parlements participent de la même oligarchie reproduisant le social à l'identique; on déconsidère l'usage public de la raison critique au profit de logiques irrationnelles de communication savamment théâtralisées et scénographiées par des consortiums financiers en situation de monopole...Tout est au profit de la religion consumériste" La puissance d'exister...




                                                           

1 commentaire:

  1. Pour info, Michel Onfray sera demain vendredi 8 avril à Ollioules pour un débat avec Boris Cyrulnik : http://actuphilo.com/2011/04/06/critique-et-defense-de-la-psychanalyse-conference-debat-cyrulnik-onfray/

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