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jeudi 11 février 2010

L'angoisse de la Liberté selon Sartre

Sartre part donc de l'opposition entre la conscience, le Pour-Soi et la chose, L'En-Soi. La chose ou l'être se caractérise par l'identité-à-soi: un cendrier est un cendrier. La conscience humaine est toujours conscience de quelque chose, comme le dit Husserl, elle est toujours en mouvement, elle est perception, imagination, réflexion, analyse...
La conscience n'est pas au sens où les choses sont, elle existe, ex signifiant le mouvement de sortie hors de soi-même: ex-istence signifie que la conscience est toujours au- delà d'elle-même. D'où la définition:

" La conscience est l'être qui est ce qu'il n'est pas et qui n'est pas ce qu'il est."

Expliquons: la conscience qui perçoit l'arbre est l'arbre et, n'est pas l'arbre. La conscience est intentionnalité, elle est mouvement vers l'arbre.

C'est pour cela que je ne peux pas dire que "je suis moi" car je suis plus et autre que je suis: je ne peux pas me réduire à mes déterminations telles que mon âge, mon sexe, ma profession car je suis toujours en mesure de les dépasser, les transformer ou de les alourdir par la signification que je leur donne.
Je peux vivre mon métier comme un choix, une fatalité ou un pur bonheur: je ne suis pas professeur de lettres comme un fauteuil est un fauteuil. Le réel est ce qui s'impose mais la conscience peut s'en dégager, peut en disposer. La conscience produit du néant à l'inverse du Dieu de la religion chrétienne, rien ne lui résiste , elle est pure Liberté.

La conscience est nécessairement libre puisque elle n'est ni cette détermination-ci, ni cette détermination-là. Pour lui attribuer un prédicat, il faudrait qu'elle ait une essence mais alors elle serait une chose. C'est pourquoi Sartre dit que l'existence de la conscience précède son essence et il s'oppose en cela à la théorie freudienne notamment celle de l'inconscient dont je pourrai parler par ailleurs et dont on peut tirer sur l'instant, un sujet telle que: analyse freudienne et analyse existentielle, différences et ressemblances ( ce qui a priori apparaît comme assez redoutable...)

Cette indétermination de la conscience suspendue dans le vide peut faire peur et Sartre s'appuyant sur Kierkegaard et sur Heidegger appelle angoisse, la découverte terrifiante que nous faisons de notre liberté:   "Je ne peux pas m'assurer contre moi-même, je suis moi- même mon plus grand danger et je ne peux pas me protéger de moi.": angoisse, expérience du néant, vertige de la Liberté, c'est ce que nous éprouvons.
" Nous sommes condamnés à être libres." dit Sartre et cette formule si elle est angoissante, elle est aussi propre à fournir une puissante vigueur.

" Mes mains: l'inappréciable distance qui me révèle les choses et m'en sépare pour toujours... Aussi inséparables du monde que la lumière et pourtant comme la lumière, glissant à la surface des pierres et de l'eau, sans que rien, jamais ne s'accroche et ne s'ensable. Dehors. Dehors. Hors du monde, hors du passé, hors de soi-même: la liberté c'est l'exil et je suis condamné à être libre.
Il fit quelques pas et s'arrêta de nouveau, s'assit sur la balustrade et regarda couler l'eau. Et qu'est- ce que je vais faire de toute cette liberté? Qu'est- ce que je vais faire de moi?"
                                          
                                                 Le personnage principal, Mathieu Delarue dans Les Chemins de la Liberté, Sartre, 1943.          

                                                                               



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