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lundi 11 novembre 2013

L'existentialisme, Sartre, Camus, Simone de Beauvoir et les autres - 2 -


La philosophie de Sartre, une suite au subjectivisme de Descartes et  à l'analyse ontologique Heidegger

Si Sartre s'appuie sur la subjectivité cartésienne, en ce qui concerne sa philosophie de la liberté -la liberté provient de l'être même de la conscience, c'est à dire qu'elle existe, alors que les choses sont- il poursuit, on peut dire qu'il mène à son terme philosophique , les développements entrepris par Heidegger, dans son ouvrage majeur, Être et Temps, publié en 1927.

Heidegger entreprend de définir la question de l'être et du sens de l'être. L'homme est parmi les "étant" celui qui possède une certaine familiarité, une certaine "entente" et une compréhension, incomplète toutefois, du sens de l'être et c'est cela qu'il faut expliciter.

" L'"être" est le concept dont l'entente va de soi. Il n'est point de connaissance, d'énonciation, d'attitude à l'égard de soi-même où il ne soit fait à chaque fois usage de "être": l'expression en est donc "sans embarras", intelligible. Chacun entend assez: "Le ciel est bleu", "Je suis heureux", etc. Mais cette intelligibilité moyenne ne fait montre que de l'inintelligibilité qui est la sienne. Elle rend seulement manifeste qu'en toute attitude et en tout être, ...gît a priori une énigme.   Martin Heidegger, Être et Temps, chapitre 1, 1927.

Le philosophe a le devoir de décrire et de définir et d'analyser le mode "d'être" de l'être humain, c'est à dire celui-la même qui se trouve à l'origine de toute interprétation du sens de l'être. Par ailleurs, il se trouve que le mode "d'être" de l'être humain est totalement différent de celui des choses ou des animaux. Il est le mode d'être de la possibilité, celui de l'existence temporelle, d'un être qui est essentiellement un "existant". Il s'agit de décrire comment "l'être" apparaît (à l'homme) et il s'agit d’interpréter la manière dont il prend sens. Cette recherche ontologique s'établit dans les deux pôles de la phénoménologie et de l'herméneutique.

"Le premier pas qui soit, philosophiquement, à accomplir dans l'entente du problème de l'être, consiste à ne point y raconter d'histoire (celle des mythes ou des religions), c'est à dire à ne pas déterminer l'étant en tant qu'étant , dans la provenance qui est la sienne, par simple reconduction d'un autre étant, comme si cet être pouvait avoir jamais le caractère de quelque possible étant. En tant qu'il est questionné dans la question, l'être exige dès lors un mode de monstration à vue qui lui soit propre, qui se distingue en son essence du découvrement de l'entente. Par là, c'est donc aussi ce qui est demandé, au questionné, dans la question, à savoir le sens de l'être, qui réclame une conceptualité qui lui soit propre, une conceptualité qui se démarque à son tour essentiellement des concepts grâce auxquels l'étant atteint bien, quant à lui, à la détermination conforme à sa signification." (ibid, chapitre 2)

                                             
     


 Heidegger s'attachera donc à présenter les traits les plus caractéristiques de "l'étant" dont le mode d'être n'est autre que l'existence. Il s'agit d'un mode d'être irréductible aux genres d'être qui sont ceux des autres "étant". L'humain a un mode d'être unique en son genre.

"L'étant dont l'analyse est la tâche qui nous attend, nous le sommes à chaque fois nous-mêmes. L'être de cet étant est d'être à chaque fois le mien"( ibid, chapitre 9).

Ce mode d'être unique en son genre, présente deux dimensions: l'existence et l'"à chaque fois mienneté" de cette existence. C'est le lieu où l'homme est en demeure de répondre à la possibilité qui en découle, soit de façon authentique, soit de façon inauthentique. Le mot clé de la philosophie d' Heidegger qui exprime cette situation est "das Da sein", "l'être-le là". L'être humain a la charge d'être dans le temps et le lieu  où lui seul peut être témoin de la manifestation phénoménologique, et où lui seul a la possibilité de procéder à l'interprétation herméneutique du sens de la vérité de son être.
Le Dasein est un étant de type particulier: c'est le seul "étant" qui se pose la question de l'être; c'est le seul "étant" qui puisse dire qu'il existe. Le philosophe affirme donc  que l'existence n'est pas la particularité d'un "étant" qui tient son être d'un autre (Dieu), mais celui d'un "étant" dont la manière d'être consiste à se projeter en avant de soi, à anticiper constamment un à-venir par l'exercice d'un projet, celui d'exister et d'être au monde.

"Les deux caractères de l'"être- le- là" qui viennent ainsi d'être esquissés: préséance de l'"existentia" sur l'"essentia" d'une part, à-chaque-fois-mienneté- d'autre part, indiquent assez qu'une analyse de cet étant se trouve placé devant un secteur phénoménologique unique en son genre. Cet étant n'a jamais au grand jamais le mode d'être de ce qui est simplement "là-devant" au sein du monde. C'est pourquoi, il n'y a pas à le rendre thématiquement présent à la manière dont on trouve déjà là par avance de l'étant-là-devant. La pré-donnée qui est correctement la sienne est si peu ce qui s'entend de soi, que sa détermination constitue bel et bien une pièce maîtresse de l'analyse ontologique de cet étant. Lorsque s'accomplit avec sûreté la donnée préalable qu'il faut de cet étant, ce qui, avec cela, a lieu et occasion, c'est la possibilité pure et simple de porter à l'entente l'être de cet étant. mais quelque préalable qu'en soit encore l'analyse, elle exige bien toujours déjà l'assurance du point de départ qui soit le bon." ibid, chapitre 9


C'est cet étrange mode d'être particulier à l'homme qui sera étudié dans l’Être et Temps et qui contient en germe des éléments de la pensée sartrienne.

                                                         





                                                                     
  





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