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jeudi 20 janvier 2011

La dictacture des marchés financiers, un fondamentalisme nuisible






Le triomphe de la cupidité, Joseph Stiglitz, éditions Les Liens qui libérent, 10/2/2010.

Il s'agit de l'analyse, par le Prix Nobel d' Economie 2001, de l'idéologie qui est à l'origine des politiques désastreuses qui ont provoqué la crise et des leçons urgentes qui doivent en être tirées. Aujourd'hui, l'économie , la politique, les sociétés, sont face à une alternative: permettre le triomphe de la cupidité dont on sait qu'il conduit le monde au désastre, avec les chaos d'un marché livré à lui-même comme une monture folle, et le cortège des dérégulations, l'obsession du court terme, la libre et anarchique circulation des capitaux responsables des pires dérives du système financier, ou, faire un pas de côté et considérer les causes fondamentales de l'échec et mettre en place les règles nécessaires.

                                    



Cet économiste compare la crise économique que nous venons de vivre et dont les effets se font durement ressentir et dont on ne sait quelle sera l'intensité du prochain soubressaut, à la chute du Mur de Berlin qui a montré que le système communiste n'était pas fiable. Le fondamentalisme du marché dont la Commission Européenne a fait stupidement son imperturbable crédo était déjà discrédité par les nombreux analystes qui ont étudiés la Grande Dépression et les crises successives. A ce niveau, il faut signaler que le simple citoyen, surtout s'il possède un peu de recul avec l'âge, est capable de comprendre les défauts propres à ce système.
L'idée que les marchés peuvent se réguler eux-mêmes est une erreur, et cette erreur est à la base de la fragilité de l'économie.

Mais face à cette idéologie, à ce fondamentalisme, on a l'impression que c'est le "busisness as usual": c'est toujours l'anarchie des marchés, les attaques de ceux-ci contre les pays les plus pauvres en Europe notamment, les spéculations, la poursuite des vues à court terme préconisant des régimes de rigueur qui vont affaiblir les économies et qui conduiront à la catastrophe que chaque citoyen sent venir avec angoisse.

 Stiglitz partage cette frustration et cette inquiétude et préconise une politique de raison basée sur des investissements durables dans le domaine de l'écologie,de  la santé, de l'éducation, et des grandes infrastructures, dont on sait par expérience, qu'ils sont toujours rentables. C'est aussi une mise en garde contre la dictature des marchés qui portent en eux les mêmes faiblesses qui ont provoqué la crise.



Présentation de l'auteur

Joseph Eugène Stiglitz est un économiste américain né le 29-2-1943 et qui au cours d'une brillante carrière universitaire a reçu le Prix Nobel d'Economie en 2001. Il est un des fondateurs du "nouveau keynésianisme" et un critique virulent des politiques du FMI et de la Banque Mondiale. Professeur d'université, il a enseigné à Yale, Oxford et Princeton et il dirige actuellement un progamme de recherche à l'Université de Colombia. Il fut conseiller économique du gouvernement Clinton et fit un bref passage à la Banque Mondiale dont il montrera les mauvais choix économiques. Il fut un adversaire de Georges W Bush qu'il considéra comme une menace pour la stabilité mondiale. En 2008, une mission lui a été confiée par le gouvernement français avec pour objectif la définition de nouveaux instruments de mesure de la croissance du pays, la Commission Stiglitz dont j'ai parlée dernièrement et qui comptait la présence d'Amartya Sen dont il est question dans le blog.


                                       

         

Pour être mieux informé sur les délires de l'économie, voici un ouvrage  édifiant (  la lecture ne doit pas se faire en soirée car elle peut provoquer des insomnies, des états de stress ont été également constatés qui cessent à la fin de la lecture, de rares cas de rire nerveux sont signalés):
Manifeste d'économistes atterrés
Crise et dette en Europe: 10 fausses évidences, 22 mesures en débat pour sortir de l'impasse, paru aux éditions les liens qui libèrent, le 10-11 2005

Les décideurs européens ont-ils appris quelque chose de la crise provoquée par les dérives de l’industrie financière ? On peut en douter. Pour résorber les déficits provoqués par le sauvetage des banques et la récession, la Commission européenne et les gouvernements appliquent avec une vigueur renouvelée des programmes d’ajustement qui ont dans le passé démontré leur capacité à accroître l’instabilité économique et les inégalités sociales. Ces politiques de soumission au pouvoir de la finance mettent en danger l’avenir du projet européen. Atterrés par ce constat, nous avons pris l’initiative d’écrire ce manifeste. Il dénonce dix fausses évidences, mal fondées scientifiquement, qui servent à justifier les politiques actuellement menées en Europe. Il soumet au débat vingt-deux propositions pour une autre stratégie. Initialement adressé à la communauté des économistes, et plus de sept cents d’entre eux, issus comme nous d’horizons théoriques très divers, l’ont signé – , ce manifeste est surtout destiné à nos concitoyens. Le décalage est aujourd’hui patent entre les affirmations péremptoires des « experts » et la fragilité de leurs diagnostics. Nous souhaitons aider les citoyens à mettre des mots et des concepts sur leurs doutes, et les conforter dans l’idée que d’autres choix peuvent être mis en débat.

Philippe Askenazy (CNRS), Thomas Coutrot (Conseil scientifiqued’Attac), André Orléan (CNRS, EHESS), Henri Sterdyniak (OFCE).  




                                         
     

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