Le triomphe de la cupidité, Joseph Stiglitz, éditions Les Liens qui libérent, 10/2/2010.
Cet économiste compare la crise économique que nous venons de vivre et dont les effets se font durement ressentir et dont on ne sait quelle sera l'intensité du prochain soubressaut, à la chute du Mur de Berlin qui a montré que le système communiste n'était pas fiable. Le fondamentalisme du marché dont la Commission Européenne a fait stupidement son imperturbable crédo était déjà discrédité par les nombreux analystes qui ont étudiés la Grande Dépression et les crises successives. A ce niveau, il faut signaler que le simple citoyen, surtout s'il possède un peu de recul avec l'âge, est capable de comprendre les défauts propres à ce système.
L'idée que les marchés peuvent se réguler eux-mêmes est une erreur, et cette erreur est à la base de la fragilité de l'économie.
Mais face à cette idéologie, à ce fondamentalisme, on a l'impression que c'est le "busisness as usual": c'est toujours l'anarchie des marchés, les attaques de ceux-ci contre les pays les plus pauvres en Europe notamment, les spéculations, la poursuite des vues à court terme préconisant des régimes de rigueur qui vont affaiblir les économies et qui conduiront à la catastrophe que chaque citoyen sent venir avec angoisse.
Stiglitz partage cette frustration et cette inquiétude et préconise une politique de raison basée sur des investissements durables dans le domaine de l'écologie,de la santé, de l'éducation, et des grandes infrastructures, dont on sait par expérience, qu'ils sont toujours rentables. C'est aussi une mise en garde contre la dictature des marchés qui portent en eux les mêmes faiblesses qui ont provoqué la crise.
Présentation de l'auteur
Joseph Eugène Stiglitz est un économiste américain né le 29-2-1943 et qui au cours d'une brillante carrière universitaire a reçu le Prix Nobel d'Economie en 2001. Il est un des fondateurs du "nouveau keynésianisme" et un critique virulent des politiques du FMI et de la Banque Mondiale. Professeur d'université, il a enseigné à Yale, Oxford et Princeton et il dirige actuellement un progamme de recherche à l'Université de Colombia. Il fut conseiller économique du gouvernement Clinton et fit un bref passage à la Banque Mondiale dont il montrera les mauvais choix économiques. Il fut un adversaire de Georges W Bush qu'il considéra comme une menace pour la stabilité mondiale. En 2008, une mission lui a été confiée par le gouvernement français avec pour objectif la définition de nouveaux instruments de mesure de la croissance du pays, la Commission Stiglitz dont j'ai parlée dernièrement et qui comptait la présence d'Amartya Sen dont il est question dans le blog.
Pour être mieux informé sur les délires de l'économie, voici un ouvrage édifiant ( la lecture ne doit pas se faire en soirée car elle peut provoquer des insomnies, des états de stress ont été également constatés qui cessent à la fin de la lecture, de rares cas de rire nerveux sont signalés):
Manifeste d'économistes atterrés
Philippe Askenazy (CNRS), Thomas Coutrot (Conseil scientifiqued’Attac), André Orléan (CNRS, EHESS), Henri Sterdyniak (OFCE).
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