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mercredi 28 octobre 2009

La loi de la concurrence déteint sur la société

Par Jean Matouk, Economiste. Libération du 26/10/2009.


Le leitmotiv de la pensée économique en place est l’ouverture à la libre concurrence. L’actualité récente a rouvert le débat du fonctionnement de l’économie dont le fondement se trouve dans la conception de la société.
Pour les un (Reagan et Thatcher par exemple) la société n’existe pas : il y a une juxtaposition d’individus et le gouvernement doit se borner à mettre en place un système de concurrence, généraliser le marché. C’est l’état et ses impôts qui sont devenus les problèmes. Nous sommes en plein dans cette vague idéologique. D’autres considèrent la société comme une réalité où se joint l’ensemble des rapports, sociaux, culturels, idéologiques, économiques, familiaux.
Force est de constater que les rapports économiques (surtout marchands) sont en train de « phagocyter » tous les autres et que s’installe une rivalité généralisée. Dans ce « tout marché » qui domine l’idéologie moderne, la reconnaissance de l’un par l’autre passe de plus en plus par la voie marchande : le salaire, l’honoraire, le profit affiché (mais aussi par les biens de consommation possédés, vêtements, voitures, maisons…)
L’auteur se demande s’il est possible de générer d’autres formes de reconnaissance sociale, de réintroduire de la coopération au lieu « du tout concurrence ». De valoriser le scientifique découvrant une molécule salvatrice, l’enseignant qui apprend à lire à ses élèves plutôt que le trader…
Le G20 ne tracera jamais la voie d’un tel changement qui ne peut naître que pays par pays, peut-être dans l’UE par décision politique.
Quatre directions seraient prioritaires dans cette critique :
1- Exclure radicalement la santé et l’éducation du marché, et rétablir le droit au travail.
2- Ramener par la fiscalité l’éventail des revenus à un étiage tel qu’il ne rende pas la frustration irrésistible, cause d’une lutte permanente pour avoir plus, génératrice d’un gaspillage endémique et d’un véritable pillage géologique de la Terre.
3- Promouvoir et financer la transformation d’entreprises capitalistes en entreprises coopératives tout en laissant l’innovation et la recherche libre et récompensées par des gains financiers.
4- Remutualiser les produits de consommation tels que les assurances et les crédits et les produits alimentaires dans le genre AMAP. En relançant que cela se fait aux E.U. le maraichage et élevage bio près et même dans les villes…
Laisser le marché devenir le Léviathan, le monstre froid de l’ère économique, admettre la concurrence comme principe absolue qui se substituerait à la coopération c'est hypothéquer le lien social et promouvoir l’avènement d’une « di-société ».
« C’est œuvrer à la disparition même de la société, c'est-à-dire de l’humanité ».

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