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vendredi 29 novembre 2013

L'existentialisme, Sartre, Camus, Simone de Beauvoir et les autres - 3 -


L'herméneutique chez Heidegger

L'herméneutique désigne traditionnellement l'art d’interpréter les textes sacrés ou profanes. Elle est identifiée parfois à l'exégèse ou à la philologie. En philosophie moderne, l'herméneutique acquiert un sens plus large: elle devient un travail d'interprétation.

Herméneutique vient du grec "hermeneutikos", qui désigne l'art d'interpréter, le terme vient du dieu grec Hermès, le messager des dieux et l'interprète de leurs ordres. Herméneutique dans son acception philosophique signifie donc conduire à la compréhension. La tâche de l'herméneutique comprend une recherche et sa médiation.

Martin Heidegger placera l'ontologie et l'herméneutique sur le même plan. Il s'agit pour ce philosophe réputé difficile et dont l'objectif, ici, est non pas de simplifier, mais de présenter quelques éléments de sa pensée, pour parvenir au sujet qui me préoccupe, par goût et philosophie, l’existentialisme, une théorie vitaliste, selon le mot de Michel Onfray (employé à propos de la psychanalyse freudienne, que ce philosophe a critiqué avec une certaine sévérité, par ailleurs), il s'agit pour Heidegger de comprendre le Dasein (l'être-là, l'étre-le-là, l'existence humaine..), de l'analyser, tant au niveau de son existence quotidienne qu'à celui de la recherche philosophique.

Il s'agit d'une herméneutique  générale: rechercher ce que l'homme est, ce qu'il trouve dans le mond et notamment, quelle est la place de cet être qui n'existe qu'en se comprenant? Il s'agit d'une recherche en direction de la compréhension de soi d'une façon authentique.

En effet, Heidegger considère que la métaphysique traditionnelle (méta-phusis, ce qui est au-delà de la nature), depuis Platon et Aristote, se caractérise par un oubli total de l'être car son orientation théologique, (ce qu'il y a au-delà de la nature est Dieu) n'apporte pas grand-chose de concret pour l'homme. Auguste Comte y a vu un état transitoire de l'esprit humain: " La métaphysique n'est donc réellement, au fond, qu'une sorte de théologie énervée par des simplifications dissolvantes...On peut finalement envisager l'état métaphysique comme une sorte de maladie chronique naturellement inhérente à notre évolution mentale, individuelle ou collective, entre l'enfance et la virilité." Conte, Discours sur l'esprit positif, 1844. Kant y a vu une activité tournant "à vide", une prétendue "intuition intellectuelle": "Que l'esprit humain renonce une fois pour toute aux recherches métaphysiques, on doit tout aussi peu s'y attendre, qu'à nous voir, pour ne pas respirer un air impur, préférer suspendre totalement notre respiration." Kant Prolégomènes à toute métaphysique...1783.


Le dieu Hermès (assimilé à Mercure chez les Romains)
                                                       
Pour Heidegger, il s'agit  que l'homme qui est lui-même le Dasein, se comprenne, à partir du monde dans lequel il se trouve, sans rechercher un au-delà quelconque et, il n'est pas question d'imposer au Dasein des catégories pré-esquissées et surtout pas celles de la métaphysique traditionnelle, mais il est question de montrer ce qu'il est "de prime abord" et "le plus souvent", dans "sa quotidienneté" dans son "à chaque fois mienneté" et d'en dégager les structures essentielles, qui se maintiennent tout au long de l'existence, ce que le philosophe nomme "la quotidienneté fondamentale du Dasein". Et le premier élément de cette recherche est que l'existence n'est saisissable que du point de vue du temps: "L'être du Dasein se trouve dans sa temporalité".

Montre molle de Salvador Dali
Face à la déréliction, le sentiment d'abandon et de solitude et à la déchéance dans laquelle la quotidienneté font tomber le Dasein, face à l'existence inauthentique, selon Heidegger qui est un philosophe pessimiste, il existe un sentiment qui est une révélation privilégiée de l'être du Dasein (de la perception que nous avons de notre existence propre, dans notre intériorité), ce sentiment c'est l'angoisse. Ce n'est pas l'angoisse de quelque chose de précis, comme l'obscurité totale, le fait d'être perdu en montagne ou de nager très loin du rivage, mais une angoisse métaphysique qui naît devant l'être-au-monde, en éprouvant le néant. Ce qui angoisse l'angoisse est complétement indéterminé.

" Ce pourquoi l'angoisse s'angoisse est l'être-au-monde lui-même. L'angoisse fait s'effondrer l'étant disponible qui occupe le monde ambiant et, en général, tout étant intramondain. Le monde ne peut plus rien offrir, comme ne peut plus rien offrir la coexistence d'autrui. L'angoisse retire ainsi à l'être-là toute possibilité de se comprendre, comme il le fait dans sa déchéance à partir du monde et de l'explication publiquement établie. Elle rejette l'être-là vers ce pourquoi il s'angoisse, vers son savoir-être-au-monde authentique. L'angoisse singularise et isole l'être-là sur son être-au-monde inaliénable, être-au-monde qui se comprend essentiellement par le pro-jet de ses possibilités. Le pour-quoi de l'angoisse révèle donc l'être-là comme un être possible et dans un être qui ne saurait être que seul, de lui-même, et dans son isolement."  L'Être et le temps.

"L'angoisse isole et révèle l'être-là comme solus ipse (seul soi-même)... Ce solipsisme existantial  place l'être-là, et au sens le plus rigoureux, face au monde comme monde et en même temps face à lui-même en tant qu'être-au-monde." ibid

De ce caractère particulier de l'être-là isolé et en même temps dans le monde naît un caractère d'étrangeté, comme si on ne sentait pas chez-soi. L'angoisse a supprimé l'intimité naturelle de la quotidienneté moyenne.

                                                   
        





                                   

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