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vendredi 31 décembre 2010

Amartya Sen, un économiste en lutte contre l'injustice (suite)


Amartya Sen enrichit la théorie du choix social par la prise en compte d'un certain nombre de préoccupations comme la perception de l'inégalité, l'opposition à l'utilitarisme, la place des droits et des libertés. Il considère que les procédures des choix politiques comme le vote ou les critères d'évaluation économique, le PIB par exemple, rassemblent peu d'informations sur la réalité de la vie sociale. ( se mettre un instant à la place d'un employé payé au SMIG, coincé dans les embouteillages, dans une voiture de 10 ans; quelle peut-être sa perception de la nouvelle d'une augmentation du PIB entendue à la radio, alors qu'il se demande, avec une certaine angoisse, si l'embrayage de son véhicule va tenir le coup et que dans le cas contraire, il aura du mal à payer les 600 euros nécessaires à la réparation?)
Le PIB est le calcul du revenu national,de ce qui a été vendu et acheté. Il ne révèle pas forcément quelque chose sur les inégalités sociales. Il faudrait pour cela que la croissance s'accompagne d'une hausse des salaires ou des revenus et d'une baisse des impôts et du chômage, ce qui est loin d'être le cas.

Son objectif est de fonder le choix social sur des éléments éthiques que l'économie pure et dure actuelle ignore.Selon Sen, et je partage son opinion, les individus ne raisonnent pas seulement en termes d'utilité, mais aussi de justice. Et il faut remarquer que le sentiment d'injustice, dans une société, est un mal sociologique grave qui nourrit la violence et dont on connaît les aboutissements.

La démarche proposée est simple et éminemment démocratique: rendre les indicateurs économiques plus proches des attentes des gens. Sen dit à ce sujet: "Ils (les gens) s'ntéressent au degré de liberté dont ils disposent. Pas de la liberté dans son sens étroit,mais au sens positif de ce que l'on peut réellement faire. Parce que si ne vous pouvez rien acheter, peu importe que personne ne vous en empêche." Philosophie, novembre 2010


                                                                      
                                                      
La commission Stiglitz

La Commission sur la Mesure de la Performance Economique et du Progrès Social a été créée au début 2008 sur l'initiative du gouvernement français. Il semble que cela ne soit rester qu'une initiative, pour l'instant, mais personnellement, j'y vois un début de remise en cause de l'économie ent tant que dogme souverain, ainsi que de son corollaire, le capitalisme financier.

à suivre.....Bon Réveillon....


                                                   

jeudi 23 décembre 2010

Chant des steppes




Le chant diphonique est une technique vocale qui permet à une seule personne de produire plusieurs notes simultanément.Cette polyphonie combine divers types de voix, de gorge, de tête par exemple.C'est une particularité que l'on trouve dans diverses musiques traditionnelles du monde et spécialement chez les Mongols.
J'ai choisi cet extrait sur Youtube, particulièrement représentatif et beau.Un bol d'air vivifiant des steppes de l'Asie Centrale.




****http://www.youtube.com/watch?v=0M3YFK3sJ54***

lundi 20 décembre 2010

La lutte d' Amartya Sen, Prix Nobel d 'Economie, " Supprimer l'injustice partout dans le monde"




Présentation

Amartya Sen est né en 1933 à Santiniketan au Bengale dans une famille d'universitaires. Il a fait des études d'économie et de philosophie à l'Université de Calcutta et à Cambridge.
Prix Nobel d'économie en 1998, membre de "la commission Stiglitz" en 2008 sur la mesure des performances économiques et du progrés social, il est l'auteur de nombreux ouvrages de renommée internationale dont on peut citer: "Ethique et économie, Puf, 1993." "La Démocratie des autres, Rivages poche, 2005.", "Identité et violence, Odile Jacob, 2007." et un rapport passé plutôt inaperçu pour cause de dogmatisme libéral de la plupart des médias, "Richesse des nations et bien-être des individus." en collaboration avec Joseph Stiglitz et Jean-Paul Fitoussi qui est le résultat des travaux sur la mesure des performances économiques et sociales dont la proposition phare est la multiplication des indicateurs sur lesquels se fondent les décisions politiques et qui pose également la question de la "soutenabilité", c'est à dire la possibilité de maintenir le niveau actuel de bien-être pour les générations à venir. Ce qui n'est pas gagné.


                       
Eléments de biographie

Amartya Sen a été très marqué par la situation de grande famine qui a frappé son pays en 1943. Très jeune à cette époque, il était déjà le témoin de l'obsession  de ses compatriotes de se libérer de la domination des Anglais qui pratriquaient la détention préventive, pour des raisons politiques.Alors qu'il avait 9 ans, les Japonais s'étaient emparés de la Birmanie et bombardaient Calcutta, privant du même coup les Britanniques des récoltes birmanes nécessaires, notamment à l'approvisionnement de leurs troupes. En s'appropriant à     n'importe quel prix les ressources alimentaires de la région les occupants furent à l'origine d'une famine désastreuse qui se solda par 2 à 3 millions de morts.
L'aide aux populations ne fut apportée que quelques mois plus tard lorsque la presse osa défier la censure.
Ce fut pour Sen le point de départ de sa réflexion et de son engagement humaniste. Il dit à ce sujet:

" Seuls les pauvres étaient touchés. Ensuite je n'ai pas compris comment un phénomène aussi massif pouvait être stoppé...dés lors que le gouvernement était mis en demeure de s'en occuper. J'en ai tiré une leçon sur l'absence de famine en démocratie... Enfin, il m'a fallu des années pour comprendre le rôle fondamental d'un espace public dans la prévention des catastophes de ce genre."                                                      (Philosophie, novembre 2010,p. 60.)







 La théorie du choix social 

Sen est influencé par Condorcet, mathématicien, penseur social et philosophe et aussi par Adam Smith et plus tard par Kant, Marx et John Stuart Mill qui ont réfléchi à la façon dont se passe la vie des gens dépendant des valeurs, des autorités, des choix, des posssibilités qui leurs sont offertes. Il en retient deux enseignements: " D'une part ne pas se concentrer sur les institutions, mais d'abord sur les existences réelles que les gens parviennent ou ne parviennent pas à vivre. D'autre part, ne pas se concentrer sur la définition d'une société parfaitement juste, mais privilégier l'exercice pratique: comment éliminer l'injustice."   ( ibid, qui est une locution latine qui signifie "au même endroit", là c'est le prof qui ressurgit.)

La théorie du choix social remonte aux Lumières lorsque apparaît la volonté de construire rationnellement l'ordre social afin d'éviter l'arbitraire et l'instabilité et de trouver des procédures efficaces et démocratiques.
Dans les années 1950, un économiste, Kenneth Arrow, auteur de "Choix collectifs et préférences individuelles" donne à ce type de recherches des fondements scientifiques en définissant les conditions que doit respecter toute procédure de décision sociale, le vote, le marché, l'évaluation économique.. et aboutit selon le mot de Sen à des résultats "ahurissants": il est impossible que les décisions collectives intègrent réellement les souhaits individuels.
Nous sommes là au coeur même de la problématique sociale.
  

                                         

L'enjeu du choix social     

L'enjeu du choix social est de déterminer s'il existe des procédures capables d'agréger, de rassembler les préférences individuelles de manière relativement rationnelle, c'est à dire d'imaginer dans quelles conditions une colllectivité puisse classer des états sociaux en se fondant sur les préférences individuelles.
  ( source, Encyclopédie Universalis en ligne)

L'apport d'Amartya Sen

Sen enrichit donc cette recherche en direction de la théorie du choix social par la prise en compte d'un certain nombre d'idées, de préoccupations comme la définition de l'inégalité, l'opposition à l'utilitarisme, la place des droits et des libertés dans l'évaluation du bien-être colllectif ce que ne peut faire que très incomplètement des indicateurs comme le PIB, la balance extérieure du commerce ou les cours de la Bourse, bien que ceux-ci restent valables tout en étant très incomplets.
Selon Arrow, qui formule l'impossibilité de trouver une procédure de choix collectif et rationnel, les raisons  en sont:
- l'ordinalité, on ne peut pas établir d'indicateurs qui tiennent compte de l'intensité des aspirations individuelles et collectives;
- l'universalité, toutes les préférences sont possibles;
- le refus politique des coparaisons interpersonnelles entre les préférences.

  Sen étudie les possibilités d'aller au delà de cette théorie: " Mon travail a consisté à intégrer à la théorie du choix social des éléments d'éthique ou de justice sociale. Les individus ne raisonnent pas qu'en terme d'utilité, mais aussi de justice. Et ils ont des critères de justice différents. Souvent on réfléchit à ce qui arrive à un groupe entier. Mais nous sommes des êtres individuels. Nous avons des intérêts, des valeurs et des jugements différents. Il faut partir des individus pour arriver aux jugements sociaux, des jugements sur le bien-être social ou sur la liberté offerte par une société."       (ibid)


à suivre                                                  

dimanche 14 novembre 2010

LE G FAIM

                                           Sans commentaire

samedi 13 novembre 2010

Le G20 plane pour nous


Voici un extrait d'un article du journal Libération qui, envers envers et contre tout, me tient compagnie depuis les années 70. J'ai souvent pesté à propos d'articles qui ne me convenaient pas, j'ai parfois boudé pendant plusieurs semaines; mais, j'y reviens toujours, et c'est  fréquemment que d'un pas allègre je m'en vais boire mon café, avec sous le bras mon Libé. Ce quotidien m'accompagne même dans mon kayak de mer, enfoncé dans un bidon étanche et il m'arrive de le lire, inconfortablement assis sur un rocher lorsque les girelles et les rouquiers me laissent tomber.

Il s'agit d' un article critique de Mathieu Lindon, sur le Libé du samedi 13 novembre, intitulé: "La-haut sur le G 20".

" Le G 20, c'est la réunion des grands de ce monde, c'est vraiment la crème de la crème qu'on retrouve là-bas et, la prochaine fois, ce sera Nicolas Sarkozy qui sera la cerise sur la crème. Pour l'instant, même le remaniement attendra. On ne dit plus " la concierge est dans l'escalier" mais "le président est au sommet", ce qui d'ailleurs est un comble pour un président au plus bas. Le G 20 est une solution contre les mauvais sondages: un petit creux? Un sommet. On comprend que tout est organisé pour nous impressionner, nous les petits de ce monde.
Ca a un côté conseil d'administation de la World Compagnie et, pour la photo de famille (ça a un vrai aspect de famille, comme on l'entend au sud de l'Italie), chacun  devrait porter un dossard avec son nom et celui de son pays car le fait est que, sinon, on ne reconnaîtra pas tout le monde. cependant, en dépit de notre ferveur et de notre confiance,on ne peut pas attendre que tout nous tombe rôti du G 20: aide -toi et le G 20 t'aidera. On a toujours la crainte que la décision importante soit de reporter la décision importante.
C'est à ça qu'on reconnaît une décision est vraiment importante: on ne la prend pas."

mardi 9 novembre 2010

Music, Habid Koité

 
                                      

Habid Koité est un chanteur malien que j'ai découvert dans le superbe montage sur Jonathan Chorn, en voici une vidéo de Youtube.Un peu de chaleur ne nous fera pas de mal et pour ma part je trouve ça très beau.

      http://www.youtube.com/watch?v=K4VRGALZdBA&feature=related  tu clics là***

"What great phrasing and delicate percussion...this amazing. " nous dit un Internaute à propos de cette musique. Et puisqu'on parle anglais, je vous signale que j'ai cliqué sur la publicité, Head and Shoulders, longueurs et pointes qui apparaît à la lecture, parce que moi ça ne m'intéresse pas vu que...enfin vous m'avez compris.

Jonathan Chorn, la beauté des êtres



Jonhatan Chorn est né dans la province de Johanesburg et a grandi pendant l'insurection puis la liquidation de l'apartheid sud- africain. Il réside à présent en Californie.Il révèle l'homme, la femme, dans leur vérité, dans un style réaliste à travers lequel apparaît la beauté insoupçonnée. Ses oeuvres ont un regard, une présence et une puissance et transmettent le message de l'humain universel.
Voici une belle vidéo où défilent en musique des réalisations,sculptures, dessins de cet artiste exceptionnel.



                                                       

lundi 8 novembre 2010

La globalisation du désastre




A l'heure du lèche-botte obligatoire de nos hommes politiques vis à vis de la Chine, étant donné que les patrons avides, carnassiers et stupides du monde occidental ont délocalisé la majeure partie de nos industries, en particulier vers l'Asie;il ne faudrait pas oublier que règnent dans cette partie du monde, le nouvel Eldorado des néo-négriers, des conditions de travail semblables à l'esclavage dont, de temps à autre la mémoire est ravivée avec les habituels trémolos médiatiques et officiels.
L'esclavage n'a jamais disparu, il est actuellement en pleine croissance et parallèlement se développent les mafias qui inondent le monde de contrefaçons, de fausses pièces de voitures et même d'avion, de faux médicaments et autres avec la complicité des gouvernements de ces pays qui luttent mollement car cette industrie du faux et du pillage technologique est créatrice d'emplois.
Ces mafias se connectent entre elles, se mondialisent, font des bénéfices colossaux qui se retrouvent dans bon nombre de banques, la mafia financière en costume cravate.
Conjointement pendant que les grandes entreprises se sucrent, que les mafieux se gavent, en vendant les chinoiseries fabriquées par des armées de travailleurs forcés et privés de droit et que les grandes enseignes et même les commerçants nous vendent à bon prix moultes marchandises plus ou moins avariées en ce qui concerne la qualité, nos sociétés s'appauvrissent, le chômage augmente, et on nous sert l'immonde plat de la rigueur pour que cela continue.
La mondialisation n'était pas inéluctable du moins pas celle-ci, c'est à dire la mondialisation des bandits et des néo-libéraux sans foi ni loi.

Parfois et pour la galerie un responsable se réveille comme Pascal Lamy ex commissaire européen ayant contribué à couler l'Europe avec le dogme insensé du libre échange sans aucune contrainte, détruisant de ce fait nos industries, reléguant notre savoir-faire aux oubliettes, réduisant à néant ou presque notre agriculture et notre élevage, instaurant la casse odieuse de notre service public.
Ainsi, Pascal Lamy devenu, directeur de l'Organisation Mondiale Commerce, le fameux OMC, bien évidemment favorablement connu de tous les salariés et pauvres du monde, a déclaré et on l'imagine l'avoir fait sans rire: " Depuis quelques années, je m'interroge sur les racines culturelles et anthropologiques du capitalisme de marché qui est intrinsèquement injuste et stresse toujours plus les ressources humaines et naturelles. Il faut tirer des leçons de la crise et analyser en profondeur ce capitalisme pour trouver des alternatives. Il faut que des sciences telles que l'anthropologie, l'ethnologie et la sociologie y contribuent."
Lamy a ensuite donné une conférence sur la mondialisation, où il a estimé qu'une globalisation respectueuse de tous contribuait à la diffusion des valeurs universelles tels que les droits humains.
Sans rire. Lamy le réveil.

Mais ne nous affolons pas car tout cela s'est passé à l'Université de Montréal où, le soudainement réveillé recevait un doctorat honoris causa.... On comprend mieux, alors les références aux sciences humaines et l'oubli soigneux de la science économique et de la politique, les servantes enragées du patronat, des grandes entreprises, des multinationales ayant émigré vers les cieux cléments du travailleur sans droit.
N'en doutons pas, notre Lamy va se rendormir comme un bébé à l'instar de certains auteurs de brûlot contre le néolibéralisme déchaîné et destructeur.
Vous vous souvenez d' un discours prononcé à Davos, à Toulon aussi. Le vent passe, le requin grandit.
                                                                                              

Voici quelques sites pour illustrer cet article, d'autres existent en grand nombre.

- La pauvreté en France :   http://www.inegalites.fr/spip.php?article270

-L'exploitation dans les usines Adidas: http://www.barons-marques.info/article.php?titre=exploitation_adidas_asie

- 33 euros par mois pour fabriquer des vêtements vendus en Europe par les grandes enseignes: http://www.liberation.fr/terre/0101650401-au-bangladesh-les-employes-du-textile-sont-prets-a-en-decoudre

-Dans les prisons du made in india: http://www.liberation.fr/economie/01012290916-dans-les-usines-prisons-du-made-in-india

Contre façon, destruction des emplois et mise en péril du consommateur:
:http://www.challenges.fr/actualites/entreprises/20071214.CHA4864/la_contrefacon_a_detruit_100.000_emplois_en_europe.html
 
                                                                               
"I have a dream." ( un membre du MEDEF )
     
Petit portrait de Pascal Lamy (Marianne 2-copié-collé)


   Pascal Lamy est directeur général de l'OMC. A ce titre, il mène des efforts louables depuis des années pour imposer des accords de libre échange à des pays qui n'en veulent pas. Malgré la crise, malgré son engagement socialiste, malgré l'accueil de plus en plus sceptique aux thèses de l'avantage comparatif et de la division internationale du travail, Pascal Lamy n'a jamais renoncé au néolibéralisme. Cette pugnacité et cette conscience professionnelle devrait être récompensée.Pourtant, un quarteron de diplomates aigris de l'OMC vient de refuser à Pascal Lamy sa modeste requête : contrairement à ses collègues,le Directeur général de l'OMC ne bénéficie pas du plan de retraite accordé aux autres employés; aussi exige-t-il une augmentation de 32%, soit à peine 101 000 euros. Du coup, Lamy est obligé de prélever sur son modeste salaire - 316 000 euros avec quelques avantages en nature - une mise de fond pour sa retraite.. A cette somme annuelle et rondelette s'ajoute donc un bon de 15% de celle-ci pour la cotisation à la retraite.


                                     
      
                                                             

dimanche 7 novembre 2010

La société en poudre ou le désert des Barbares


Après la société liquide, voici la société en poudre, laquelle poudre est soluble dans le liquide qui à son tour peut disparaître et ne donner que du vent. Peut-être un jour traiterai-je de la société du vent.Commençons cet article par une citation extraite , encore une fois, de cet ouvrage qui me tient à l'estomac, La Barbarie intérieure de Jean- François Mattei, intervention philosophique, PUF, 1990.

" Parmi d'autres récits, le monde moderne se laisse approcher par les deux apologues du Désert des Tartares et de La ruine de Kash. Il nous font pressentir comment la raison triomphante, dans la lumière du désert, ou les ténèbres de la ruine, a évacué l'idée de limite pour déserter le monde du sens.
La possibilité de rendre vide, arbitraire sa propre pensée fut la seule Sirène à laquelle ait obéi le pur occidental. Ulysse savait s'entourer de liens, restant ainsi dans les limites de l'humain, pour écouter le chant des Sirènes et laisser la voie,un temps au grand désir; mais il revenait ensuite à lui même, pour au bout de l'exil dans les cavernes de Calypso et de Circé, retrouver son royaume.
L'occidental a dénoué les liens de ses mythes fondateurs, ceux des dieux, du monde et des hommes, pour laisser le sujet- celui qui croit toujours commander et qui pourtant obéit l'étrange soin de régner sur son propre désert."

                             

Le désert des tartares, publié en 1940, adapté en 1976, est un roman majeur de l'écrivain et journaliste Dino Buzzati. Il s'agit d'une fable philosophico-existentielle qui raconte la "non-épopée" d'un jeune officier en quête de gloire, affecté dans un fort, au milieu du désert. Plein d'espoir et de rêve de gloire, Giovani Drogo ne voit rien venir. Cependant, il persiste à rester sur place, à vivre l'existence monotone et austère du fort.
Il s'agit donc d'un récit existentiel, une parabole de l'essence même de la vie, faite d'une perpétuelle attente, celle du"grand événement sauveur". Mais dans la vie, comme le dit Houellebecq " tout arrive, surtout rien".
Le carpe diem peut nous aider à ne pas fonder notre bonheur sur un hypothétique avenir mais plutôt à profiter du présent. C'est un principe simple mais difficile à mettre en oeuvre, l'homme passant son temps à se projeter, à attendre autre chose.
                                              




Roberto Calasso est un auteur italien, né en Toscane en 1941 qui compose des romans complexes mais populaires dans un style érudit: Le fou impur, 1974; Les ruines de Kash,1987; Les noces de Cadmos, 1988; La littérature et les Dieux, 2002. On y croise Talleyrand, Bouddha, Freud, Zeus et d'autres divinités grecques ou celtes.
Son idée maîtresse est que les Dieux étaient les hôtes d'élection de la littérature, puis ils se sont absentés, dissous, recylés dans des récits plus laïques. Le divin s'est évaporé des mots, vaincu par le social et la technologie. Calasso s'interroge sur ce qu'il en coûte à un réel sans transcendance d'envahir l 'imaginaire des humains: la place est libre pour les absolus de misère ou pour la matrice des totalitarismes faciles au sein d'une modernité désanchantée où errent des clones consuméristes et des âmes incendiées.
                       

                                  

 A suivre...

lundi 25 octobre 2010

Marc Richir, "Le nulle part me hante"


Marc Richir est un philosophe belge qui pratique la philosophie comme l'escalade. Son  oeuvre qui se situe au croisement de Husserl et Dostoïevski est centrée sur l'expérience du sublime, ce moment où nous ressentons ce qui nous dépasse (du moins pour certains d'entre nous).

La fuite de la ville

Lecteur des philosophes dès l'adolescence, Marc Richir découvre Dostoïevski à l'âge de 17 ans. La lecture de Crime et châtiment est pour lui un choc et le fait s'orienter vers la philosophie. Cependant il fait des études de physique et travaille à l'Institut d'Astrophysique de Liège dans un premier temps croyant que les mathématiques à l'oeuvre en sciences physiques constituent le fond de la réalité.
Plus tard, la lecture de la Critique de la raison pure de Kant le fera changer d'avis; sa croyance dans les mathématiques s'effondre et il comprend, comme le dit Kant que: "Nous ne connaissons des choses que ce que nous y mettons nous-même." Les mathématiques ne donnent pas accès à une réalité objective et transcendante: la réalité est soutenue par ce que Kant appelle "les conditions de possibilité de connaissance" qui précèdent l'expérience que nous faisons des choses.
A 22 ans, il interrompt la recherche en physique et entre de nouveau à l'université pour faire des études de philosophie et quelques années plus tard, il entre au FNRS l'équivalent de notre CNRS pour être chercheur dans cette discipline. Il choisit, par la suite, de vivre en Provence "pour fuir la foule et ce que Baudelaire appelait la tyrannie de la face humaine qui m'oppresse et m'empêche de penser dit-il lors d'une interview au magazine Philosophie du...........
"Je retrouve ici une Méditerranée proche de la Grèce qui, philosophiquement, est ma source première. Je ne quiterrais ce pays pour rien au monde."
Marc Richir partage son temps entre la campagne aixoise et le pied du Mont Ventoux depuis des décennies et organise dans ces lieux des séminaires pour des chercheurs venus du monde entier.

                                                      


La conscience et le monde

Marc Richir propose une réélaboration du projet phénoménologique de compréhension du rapport entre la conscience et le monde emtamée par Husserl et poursuivie par Sartre, Merleau-Ponty et Emmanuel Lévinas.
Il fait un retour à la philosophie première, celle qui recherche les principes des grandes notions: la pensée, le temps, le langage, l'imagination, l'histoire, l'affectivité et le corps, le sublime et la transcendance,le bien et le mal. "L'énigme du sens est qu'il se perd plus facilement qu'il ne se gagne et qu'il n'en existe nulle part de maître." affirme t-il afin de problématiser sa recherche.
A mon sens cela est vrai non pas seulement dans les grandes questions de la philosophie première mais dans tous les domaines de la vie; n' a t-on pas perdu aujourd'hui le sens de la vie sociale qui fondait une société?
Selon Marc Richir, Husserl est le père fondateur de tous les philosophes du XXème siècle. C'est le philosophe qui a relancé la "démarche transcendatale" de Kant qui consiste à ne pas  interroger le réel mais le rapport de soi au réel.
Husserl propose la méthode la plus radicale pour reprendre à la racine la question de notre rapport au monde. Cette démarche s'appuie sur ce qu'il appelle la réduction, la suspension du jugement, l'épokhé. Il s'agit de mettre hors circuit la positivité des choses mais aussi de soi-même qui les pense ou les imagine afin de découvrir comment la conscience les vise.
Ce lien entre la pensée et l'objet que Husserl appelle la visée intentionnelle ne se trouve ni dans la tête de l'homme, ni dans l'objet, il est nulle part dans l'espace.
"Ainsi par exemple, quand j'écoute une mélodie, la musique distincte des sons n'est ni dans l'espace physique, ni dans ma tête, parce qu'il ne suffit pas que je vise les sons pour entendre une musique. Ou encore, lorsque je perçois un champ de lavande au cours d'une promenade, cette perception ne se trouve ni dans l'objet, ni dans ma tête. Elle est nulle part dans l'espace. Ce nulle part, ce rien que phénomène me hante."

                                          
                                                    Petit paysage de nulle part (mireil.artblog.fr)
                                                     

jeudi 21 octobre 2010

Chargé comme un âne

Images









                          

Conservateurs et utopistes, l'actualité vue par Johann Fichte

 " Nos principes philosophiques, selon vous ne sauraient passer dans la vie; nos théories sont à la vérité irréfutables, mais elles ne sont pas praticables.- Vous ne les juger sans doute ainsi qu'à condition que tout reste comme il est actuellement; car autrement votre assertion serait beaucoup trop hardie.Mais qui vous dit que les choses doivent rester ainsi? Qui vous a donc loués pour racommoder et bousiller comme vous le faites, pour ajuster ainsi de nouveaux morceaux à un vieux manteau déguenillé, pour faire cette lessive sans mouiller la peau de personne? Qui donc vous a assuré que de cette manière la machine ne tomberait pas en pourriture, que les trous ne s'agrandirraient pas, que le nègre cesserait d'être nègre? Parce que vous avez fait des sottises, faut-il que nous portions l'âne?

Mais vous voulez que tout reste sur l'ancien pied; voilà pourquoi vous nous résistez et pourquoi vous écrivez que nos principes sont inexécutables. Hé bien! montrez du moins de la franchise et ne dites plus: Nous ne pouvons pas exécuter vos principes; mais dites seulement, comme vous le pensez: Nous ne voulons pas les exécuter.


  Ces cris contre l'impossibilité de ce qui ne vous plaît pas, vous ne les pousssez pas aujourd'hui pour la première fois; vous les avez poussé de tout temps, chaque fois qu'un homme courageux et résolu est venu parmi vous et vous a dit comment vous y pendre pour mieux conduire vos affaires. Pourtant malgré vos cris bien des choses sont devenues réelles, pendant que vous en démontriez l'impossibilité.- C'est ainsi qu'il n'y a pas longtemps, vous criâtes à un homme, qui suivait votre voie, et qui n'avait d'autre tort que de ne pas la suivre jusqu'au bout: Proposez-nous donc ce qui est faisable. C'est à dire, vous répondit-il très justement: Proposez-nous ce qu'on fait. Depuis ce temps-là, l'expérience, la seule chose qui puisse vous rendre sages, vous a appris que ces desseins n'étaient pourtant pas si impraticables."

                                                                   Johann Fichte, Contibutions...sur la Révolution française, 1858.
      




Conservateurs et utopistes, l'actualité vue à travers une page de philosophie

Et voilà que je tombe sur une page de Johann FICHTE dont la teneur, en ce mois d'octobre (rougeoyant) me saute aux yeux et à la pensée. Celle-ci est extraite de Contributions pour rectifier le jugement du public à la Révolution française, 1793,1794.

Johann Fichte est né  en1762 en Saxe, non loin de Dresde, dans une famille modeste et a commencé des études de théologie à Iéna. Sa candidature à un poste d'écclésiastique ayant été refusée, il devient précepteur à Zurich et découvre Kant avec un grand enthousiasme en 1790. Il devient professeur à l'Université de Iéna et enseigne de 1794 à 1799. Ses cours connaissent un succés prodigieux et il publie entre autres son Fondement du droit naturel, 1796 et son Système d'éthique, 1798. Accusé d'athéisme, poursuivi par la hargne de ceux qui ne lui pardonnaient pas son ouvrage sur la Révolution française il est contraint de démissionner.
Fichte donne ensuite des cours privés à Berlin et il écrit notamment L'Etat commercial fermé,1800, et les fameux Discours à la Nation allemande en1807. Il enseigne enfin à la Faculté de Berlin et en devient le recteur en 1811. Pendant toutes ses années, le philosophe travaille à exposer avec toujours plus de rigueur sa Doctrine de la science, 1797,1804. Le thyphus l'emporte prématurément en 1814.

mardi 12 octobre 2010

Définition de la notion de spiritualité laïque

Cette définition n'est pas simplifiée mais elle ne peut pas tenir compte de tous les aspects de la notion. Il s'agit d'une tentative qui ne retient que l'essentiel et qui s'attarde donc sur un certain nombre d'axes définitionnels incontournables.

La spiritualité laïque est une démarche expérientielle et existentielle de soi-même indépendante des croyances religieuses. Cette démarche se caractérise par une réflexion profonde sur les expériences de la vie dans un contexte de reliance avec les autres et ce qui nous entoure. Cette réflexion profonde est de nature à procurer à une meilleure perception du réel et une conscience de plus en plus grande et de plus en plus véridique de l'être humain dans son environnement naturel, la société et le monde.

                                        
                                               

La spiritualité laïque apparaît comme une nouvelle tendance que manifeste l'homme contemporain en faveur de la recherche d'une harmonie intérieure et dans la perspective de donner un sens à ses actions et cela au-delà des satisfactions purement matérielles.
Cette démarche s'adresse à tous ceux qui ont l'intuition de la dimension sacrée de la vie et qui cherchent à vivre en accord avec cette intuition.
Cela se traduit par:
- un travail sur soi,
- un effort constant dans l'acquisition de connaisssances,
- une droiture dans les engagements,
- une attitude de tolérance et de compassion,
- une ouverture sur les autres.
                                                     


                                       

lundi 27 septembre 2010

Eléments définitionnels de la spiritualité

Un peu d'étymologie

Esprit vient du verbe latin spirare, souffler que l'on retrouve dans spiromètre par exemple, spiritus, souffle est le substantif qui désigne aussi l'âme.Si l'on considère le mot anima, âme et souffle, il apparaît que les noms signifiant souffle ont vocation à désigner les composants humains opposés au corps. En grec, esprit se dit pneuma et le lien sémantique entre souffle et esprit se retrouve dans les deux langues anciennes.

            

Le mot spiritus est donc à l'origine du nom spiritualité, spiritualitas. Il est appliqué dès le 5ième siècle avec un sens religieux opposé à carnalitas ou animalitas; le mot possède un sens philosophique pour désigner un mode d'être ou un mode de connaître; son opposé est corporalitas.
Dés l'Antiquité, le champ sémantique (les différents sens pour être clair) s'applique à tout ce qui n'est pas matériel ou charnel et désigne une caractéristique humaine essentiel, le fait d'être rattaché au Divin ou animé par lui. Dans le christiannisme, l'être spirituel est opposé à l'être charnel, à la nature animale de l'homme et à ses désirs.
Le mot spiritualité dans un emploi plus moderne se substitue de plus en plus au religieux et sa conceptualisation date des années soixante.


                                                  

mardi 14 septembre 2010

Une spiritualité sans Dieu, André Comte- Sponville




André Comte-Sponville est un professeur de philosophie, auteur de livres à succès: le "Petit traité des grandes vertus", le "Traité du désespoir et de la béatitude", "Le capitalisme est-il moral ?", "L'esprit de l'athéisme "  ...
Il s'agit d'un extrait d'une interview publiée dans le journal, "Nouvelles Clés", en 2007,  intitulée, "L'esprit de l'athéisme, introduction à une spiritualité sans Dieu " où le philosophe fait un rapprochement entre la philosophie et la spiritualité que d'aucuns trouveront audacieux.

" C'est vrai qu'en Occident cette expression semble paradoxale. On a été habitué, pendant vingt siècles d'Occident chrétien, à ce que la seule spiritualité socialement disponible soit une religion, au sens occidental du terme, c'est à dire une croyance à un Dieu, un théisme. On a donc fini par croire que les mots "religion" et "spiritualité" étaient synonymes. Il n'en n'est rien. Il suffit pour s'en rendre compte de prendre un peu de recul, aussi bien dans le temps du côté des sagesses antiques, que dans l'espace, du côté des sagesses orientales, spécialement boudhistes ou taoïstes. On découvre vite qu'il existe d'immenses spiritualités sans croyance à un Dieu ou une transcendance. C'est ce que j'appelle des spiritualités de l'immanence. Mon sous titre n'aurait pas du tout choqué un épicurien ou un stoïcien de l'Antiquité. Il ne choquerait pas un boudhiste d'aujourd'hui. Il n'est paradoxal que dans un univers monothéiste, et judéo-chrétien en particulier. Comme je suis athée, j'ai dû m'appuyer sur des traditions différentes, à savoir les sagesses grecques, d'une part, et les spiritualités orientales, d'autre part."





Vocabulaire:   


Immanence: désigne ce qui est propre à soi-même, ce qui est compris dans la nature d'un être et qui ne nécessite pas que l'on fasse appel à un principe extérieur.


spiritualité: aspiration personnelle qui se situe au-delà des besoins matériels ou des ambitions terrestres; elle concerne donc, dans un premier temps, la relation avec Dieu; elle est aussi associée à une quête d'éternité et de sens et s'appuie souvent sur une ascèse destinée à libérer l'individu de ses besoins terrestres.


Une spiritualité laïque se présente comme une vision universelle propre à chaque homme, un besoin d'unité avec une totalité( la Terre, le Monde, l'Humanité...), il s'agit d'un état d'être transcendant la matière; c'est également une recherche sur les valeurs d'empathie, de tolérance, de compassion et aussi sur des valeurs propres à une évolution personnelle telle que la compréhension, la vigilance, la concentration, le calme, le courage, l'élévation de l'esprit, la culture


antonymes: bling-bling, dogmatisme, idiotie, individualisme, lâcheté, ignorance, idolâtrie, suivisme, quiétisme, hystérie, agitation, consumérisme, superficialité, dyslexie...

                                      
                

lundi 13 septembre 2010

Recherche en direction d'une méditation laïque




"Celui qui brûle de connaître sa vraie nature doit d'abord comprendre qu'il s'identifie par erreur aux objets : «je suis ceci», «je suis celà». Toute identification, tout état est transitoire, par conséquent sans réalité. Identifier le «je » à ceci ou celà est la racine de l'ignorance. Demandez-vous ce qui est permanent au cours de toutes les phases de la vie. Vous découvrirez que la question : «qui suis-je?» n'a pas de réponse. Vous ne pouvez pas expérimenter ce qui est permanent dans une relation sujet/objet comme quelque chose de perceptible. Vous pouvez seulement formuler et expliquer ce que vous n'êtes pas. La continuité que fondamentalement vous êtes ne peut se traduire en mots ou se rationaliser. Être est non-duel, absolue présence sans éclipse, quelles que soient les circonstances."Jean Klein, La Conscience et le Monde, Editions Les deux Océans, Paris.

Soir d'été (Photo: Mathias)


Cette citation difficile m'offre une voie de recherche en direction non pas de pratiques de la méditation, les recettes abondent soit en ouvrages ou en sites sur le Net ou encore en cours ou en stages divers que l'on peut trouver ici ou là. En disant celà, il n'est pas question bien entendu de critiquer ce qui existe dans ce domaine mais d'aller plus loin pour trouver des éléments précis qui permettront justement d'utiliser ces pratiques en s'appuyant sur des fondements et donc de le faire en toute connaissance de cause.
Ces fondements sont philosophiques, on l'a vu dans le premier article consacré à la méditation sur ce blog; ils sont religieux, cette voie qui s'offre à l'esprit, à l'intellect, ne peut-être séparée de la religion bouddhiste et à ce sujet, je présenterai et mettrai en lien une interview de Mathieu Ricard, scientifique et moine qui explique notamment pourquoi on peut utiliser ces enseignements millénaires, même et surtout en Occident, ils sont aussi scientifiques et médicaux puisque on parvient à prouver que les états de conscience sont très favorablement influencés par l'exercice de la méditation.

A cela j'ajouterai la quasi obligation personnelle, pour un sujet qui se veut libre, autant que cela puisse être possible, de trouver une voie différente que celles qui nous sont proposées par la société de consommation, par les maîtres à penser médiatiques, par la pensée toute faite, par sa propre pensée qui s'impose tenaillée qu'elle est par le stress et la nécessité.
                                                                        Mathieu Ricard

Voici un extrait du documentaire, Des moines en laboratoire, de Delphine Sorel, publié sur Arte en 2007, présenté sur Youtube.
Depuis plusieurs années, des neuroscientifiques américains mènent des expériences sur des méditants bouddhistes, intrigués par leurs capacités de concentation et de régulations émotionnelles. Cette vidéo présentent plusieurs intervenants: Mathieu Ricard( voir ci-dessus), Rabjam Rinpoché, moine d'une lignée réputée et Paul Ekman, professeur de psychologie.
La pratique de la présence attentive peut mettre en évidence les mécanismes automatiques du psychisme et construire ainsi de nouvelles connexions neuronales. Ces nouvelles connexions permettent de maîtriser la montée des impulsions qui elles aussi sont automatiques. Si on rend des processus automatiques conscients, alors on sera conscient d'autres processus automatiques et on élargira ainsi le champ de ses possibilités.

  



lundi 6 septembre 2010

La méditation, les fondements philosophiques occidentaux (suite)

Nous venons de voir que pour Kant, l'accès à la transcendance à partir de la méditation est une prétention et ce philosophe est connu pour sa critique radicale de la métaphysique, c'est à dire ce qui est au-delà de la physique, la nature donc. Etait visé à l'époque, l'aspect vain de toute recherche sur l'existence de Dieu au profit de la recherche de règles à visée universelle. Je reviendrai sur Kant éventuellement, car c'est un monument de la philosophie que j'apprécie personnellement mais qui ne semble pas très à la mode actuellement, c'est le moins que l'on puisse dire.
A ce niveau, il est peut-être utile de préciser à nouveau, ce terme de transcendance:
-le transcendant est ce qui est au-delà, ce qui dépasse, surpasse, en étant d'un tout autre ordre; par exemple, l'esprit transcende la matière; Dieu est transcendant par rapport au mondee et aux consciences (pour les croyants).

La pensée d'Husserl parait intéressante en ce qui concerne la méditation et vient renouveler son approche quelque peu mise à mal par le philosophe des Lumières (Kant). L'idée de repli sur soi subsiste,  mais il s'agit d'un retour à l'ego gogito pur, c'est à dire au je pense donc je suis délivré de toute autre influence et qui suppose une mise entre parenthèse du monde que l'on appelle en langage savant, époché, terme qui ne doit pas effrayer, puisque il suffit de fermer les yeux un bref instant, ne plus penser à rien, pour réaliser une mini suspension du jugement ce qui d'ailleurs fait beaucoup de bien aux yeux et au cerveau.
Un entraînement, une pratique de cette attidude qui est philosophique est une voie qui peut offrir la découverte de ce que Husserl nomme "le moi transcendantal " que l'on pourrait définir par l'expression, conscience pure, par exemple et atteindre ainsi une objectivité dans la subjectivité: chaque individu pouvant parvenir en principe, par la méditation, à ce courant de conscience pure qui est commun ou qui pourraît être commun à l'ensemble des hommes.
En ce sens exigeant, est évité le solipsisme de Descartes, c'est à dire que le repli sur soi du cogito est le fait d'un homme seul.

Pour terminer cet exposé bref et nécessairement incomplet sur les fondements philosophiques occidentaux de la méditation, il faut dire que celle-ci reste liée à une critique des philosophies réalistes et appartient donc aux pensées idéalistes pour lesquelles la vérité se situe avant tout dans les idées.
On appelle idéalisme toute théorie qui considère que la nature ultime de la réalité repose sur l'esprit, sur des formes abstraites ou des réalités mentales. L'idéalisme s'oppose au matérialisme.

Le moi transcentendal est le moi qui n'est pas concerné par l'expérience, ce détachement peut être atteint par la suspension du jugement. Je reviendrai sur cette notion.

                     

dimanche 5 septembre 2010

La méditation, fondements philosophiques occidentaux

Pour une philosophie idéaliste, la méditation permet d'accéder à des connaissances objectivement vraies.Ce courant de pensée est fondée sur l'harmonie fondamentale entre nos idées et la réalité: ainsi, selon Platon, , la connaissance est une réminsicence et chaque vérité est donc à rechercher en soi-même. Il faut noter que le "connais-toi toi-même" de Socrate est fondée sur le dialogue et non pas sur l'introspection en solitaire.
Arrêtons-nous un instant pour mettre au clair, autant que faire ce peut, deux notions, celle de philosophie idéaliste et celle de dialogue:
-on appelle idéalisme toute théorie philosophique qui considère que la nature ultime de la réalité repose sur l'esprit, sur des formes abstraites ou sur des réalités mentales;
- le mot dialogue est formé du préfixe dia, signifiant au travers de, au moyen de, et du mot logos qui désigne la parole mais aussi la raison, de là à penser que la vérité se trouve dans le dialogue, il n'y a qu'un pas.

La méditation suppose, généralement, une solitude dans la recherche. C'est la réflexion sur soi-même qui permet l'accés aux vérités principales. Ainsi pour la philosophie chrétienne qui fait de Dieu la connaissance supprême, la validité de ce type de recherche solitaire repose sur le fait que l'individu recèle à l'intérieur de lui-même, la trace du Créateur. Pour Saint-Augustain, invoquer Dieu, c'est l'appeler en soi-même afin qu'il éclaire l'homme sur les Saintes Ecritures. Anselme de Canterbury, voit même, dans l'introspection silencieuse,le moyen de prouver, "la nature surréminente à  toute chose". Le Monologion est ainsi, une "méditation sur la raison de la foi, au nom de qui raisonne en silence, à part lui et explore ce qu'il ne sait pas".
Ce qui aménera ce philosophe à annoncer ce que l'on appelle la preuve ontologique de Dieu et qui consiste à dire que si l 'idée de Dieu, en tant qu'être infiniment parfait, parvient à l'esprit de l'homme, justement dans ces recherches introspectives et solitaires, c'est que Dieu existe.

                                                          Anselme de Canterbury

Plus tard, Descartes, liera la connaissance à la démarche introspective; si "rien ne peut-être connu avant l'intelligence", la méditation devient une démarche essentielle et plus encore même, selon lui, c'est à l'intérieur  de soi-même que se trouve les conditions de l'objectivité de toute science: ainsi la démarche des Méditations Métaphysiques prend pour fondement l'exploration  de l'ego cogito, le fameux "je pense donc je suis" pour parvenir à la déduction de la vérité objective de nos idées claires et distinctes, précédée de ce que le philosophe appèlera le doute hyperbolique, une notion à remettre à la mode d'urgence face à l'habitude contemporaine d'avaler tout cru ce qui est mis en image.
Kant objectera que l'expérience est nécessaire dès que la connaissance a trait à un objet sensible, ( il paraît peu adapté de méditer si on veut construire un mur,quoique...) et considèrera que la théologie rationnelle, c'est à dire la recherche des preuves de l'existence de Dieu, est une prétention vaine et inutile rayant de ce fait et définitivement,toute prétention d'accés à la transcendance dans le domaine métaphysique, par l'usage de la méditation.


Kant en passe de remplacer le Che?

Vous pouvez commander un Tshirt, Kant, pour vous démarquer, en cliquant sur le lien suivant:  http://editions.lapin.org/librairie/product_info.php?cPath=21&products_id=46

samedi 28 août 2010

C'est la rentrée!

Aujourd'hui, il fait un Mistral que l'on qualifie habituellement d'épouvantable sonnant la fin, pour un temps du moins, des randonnées en kayak de mer et me procurant l'occasion d'effectuer MA rentrée littéraire sur mon blog, apparemment ultra- confidentiel, mais c'est bien comme cela.
Quelles sont mes préoccupations intellectuelles du moment?

-la politique: il règne déjà une ambiance d'affrontement électoral annonçant l'échéance de 2012 et comme tous les citoyens, je suis concerné par les orientations de mon pays sur ce plan; je vais donc essayer d'y voir clair; ma dernière lecture date de ce matin, aux aurores, il s'agit d'un petit ouvrage,dont l'auteur est Jacques Julliard du Nouvel Observateur dont je fus un lecteur assidu pendant au moins deux décennies; celui-ci a pour titre: "Pour repartir du pied gauche", il est édité par Flammarion et présente une analyse intéressante de la situation économique et sociale et de pistes pour relancer la gauche en vue des élections futures; je vais donc écrire un article de synthèse et de commentaires à son sujet.

- la querelle entre les partisans de Freud et ses  adversaires dont le représentant le plus virulent est Michel Onfray qui a troublé le marigot par un jet de pavé intitulé," Le crépuscule d'une idole" aux éditions Grasset; cette publication a déclenché des réactions carrément hystériques chez certains qui ont immédiatement crié au populisme, à l'extrême droite, à l'antisémitisme...les réactions habituelles...

- la méditation en tant que technique de survie face au bombardement médiatique et publicitaire et face également au stress de la vie quotidienne, à la multiplicité des opinions: autant de personnes rencontrées, autant d'opinions; cette cacophonie peut nuire à la santé intellectuelle: le sujet contemporain doit revenir à l'essentiel, à la vérité, autant que celle-ci puisse être entrevue, au calme propre à l'être vivant.
Il s'agit de méditation laïque sans connotation religieuse car je ne suis pas attiré par l'irrationnel, les errances
littéraires et philosophiques suffisant à combler ma vie et à me donner le courage face à la mort, donc pas d'opium du peuple!


Je me prépare à écrire en priorité sur ces sujets et c'est avec un certain plaisir que je retouve mon blog et mes quelques lecteurs, j'espère.

http://www.youtube.com/watch?v=EG47crzYwxo

Cliquer sur le lien ci-dessus et vous entrerez en contact avec la méditation: Mathieu Ricard explique clairement cette démarche de l'esprit.

samedi 29 mai 2010

Le savon fraîcheur kiwi!

La petite phrase qui tue:

" Le kiwi est aux bouteilles de savon pour les mains ce que le pouvoir est aux peuples dans les démocraties modernes. C'est maintenant un fait, c'est maintenant une réalité : le savon sans kiwi s'appelle "fraîcheur kiwi", et une dictature mondialisée de l'élite financière s'appelle démocratie occidentale. "



Edouard, lecteur de Télérama - mars 2010




mardi 25 mai 2010

Katie Melua, It's only pain ***clic!

Katie Melua est une chanteuse musicienne née le 16 septembre à Kouaïssi en Georgie. Elle a grandi en Irlande du Nord et a acquis depuis 2005 la nationalité britannique. Son premier album, Call off the Search a été classé premier des charts en Angleterre et depuis , elle s'impose comme une star internationale. Elle a reçu d'ailleurs, en 2006, l'Award de la meilleure révélation féminine.
J'ai choisi ce clip mélancolique, It's only Pain qui révèle toute la beauté de la voix et de ce visage magnifique.
Les paroles concernent les tourments de l'amour..

It's only pain
It's only hurts
I'm only down the floor
Wher I've been before
and I'll be here again
though it hurts to loose you
It's only pain...

Alain Le Cozannet, artiste à fleur de peau *** clic!


Voici le site de celui que j'appelle "Maître" lorsque au Puget nous nous délassons, en exerçant notre nerf optique. Alain Le Cozannet est un créateur qui réussit le tour de force consistant à réunir amoureusement la psychanalyse, la dermatologie, la peinture " dans l'élan vers l'autre".
L'homme est en plus un sportif accompli, boxeur, surfeur, marathonien.Ce mélange forcément atypique est de toute évidence à la base d' une vigueur graphique originale.

mardi 4 mai 2010

Paul Jorion sur France inter, l'émission "Parlons net". ***

Pour mieux connaître Paul Jorion, tu cliques sur le titre pour accéder à DailyMotion ou sur la vidéo ci- dessous et tu peux voir cette émission filmée de France Inter
Intéressant, instructif, incontournable.

La science de la voracité ( suite)

Une science autiste


La finance voyant dans l'aspect mathématique de la science économique le moyen d'accroître son pouvoir et ses gains a largement aidé la recherche universitaire dans ce domaine. Ainsi Jaul Jorion rapporte qu' en Amérique, les départements informatiques des universités sont richement dotés : J'ai vu les colonnes de marbre des départements ayant bénéficié des dons de Bill Gates, Et à Yale University dans le département d'anthropologie, les casseroles qui recueillaient l'eau fuyant des toits." 
Cela se comprend bien, le financement est allé de préférence "au monde académique" de la science économique, c'est à dire aux spécialités concernant la finance en délaissant tout le reste.
Cela se complique par un ostracisme idéologique qui fait que le moindre article s'écartant de la théorie en vigueur est qualifié de marxiste, comme a pu le constater le sociologue y compris dans notre pays.
"Les économistes qui ont vu venir la crise étaient en dehors du cercle des opinions admissible et audibles."
                                                                                             Paul Jorion,,2010     à suivre

Le corps est le tombeau de l'âme selon Platon



Je ne résiste pas avant de continuer l'article sur "la science de la voracité" de faire un petit détour en arrière afin de revenir vers Platon, l'homme aux larges épaules, c'est la traduction de son nom , lui qui n'hésitait pas à enfiler la cuirasse pour aller livrer bataille contre tel ou tel ennemi car il faut bien l'avouer, les Grecs anciens étaient philosophes mais aussi très querelleurs et d'ailleurs, les historiens considèrent qu'ils ont inventé la "tortue", puissante formation de guerriers, hérissée de lances ,de cinq mètres sur laquelle les combattants adverses venaient s'embrocher comme sur une pique à kébab ,ce qui paraît-il provoquait de grosses difficultés pour se débarrasser du corps...La tortue étant utilisée de nos jours ,sur les terrains de rugby, dans un but plus pacifique, pour faire reculer l'adversaire, avec un groupé pénétrant et en n'hésitant pas toutefois à lui passer sur le corps...


La langue grecque joue sur les mots soma, corps et sêma, tombeau , les théologiens et devins anciens considéraient que c'était en punition de certaines fautes que l'âme avaient été attelée au corps et ensevelie en lui ,comme dans un tombeau.
Voici ce que dit Platon dans le Gorgias ,un dialogue destiné à combattre ceux qui faisait l'apologie de la force car à cette époque, le Vème siècle avant J.C, les aspirants tyrans qui considéraient que les lois étaient pour les faibles ne manquaient pas.

" Quand à moi, j'ai entendu un jour un sage dire qu'en réalité nous sommes morts, que notre corps est un tombeau et que la partie de l'âme qui renferme les passions est toute prête à se laisser entraîner et bouleverser. Un charment faiseur de mythes, peut-être un Sicilien ou un Italien a, en jouant sur les mots, appelé " tonneau sans fond" la partie de l'âme où se trouvent les passions, chez les gens dépourvus de sens- en raison de sa facilité à se laisser entraîner et persuader-, fondant la comparaison de ces individus avec un tonneau percé, impossible à remplir, sur leur caractère incontinent et intempérant. tout se passe en effet comme si on essayait de remplir d'eau le tonneau percé, avec un seau qui serait lui aussi percé: selon lui, le seau percé c'est l'âme: c'est du moins ce que m'a dit mon interlocuteur."
                                                                                                       Platon, Gorgias, 493a, éd .Gallimard, 1988