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mardi 25 septembre 2012

La sculture de soi, Michel Onfray, 1ère partie


 

L'idée de cet article qui sera une analyse de l'ouvrage de Michel Onfray, "La Sculpture de soi", publié en 1993 chez Grasset, m'est venu à la lecture d'un article de Libération du 8 août, "L'ego, vices sans fin" écrit par Eric Loret.
L'article débute par une phrase superbe: "Le seul domaine où l'être humain touche à l'infini, c'est le ratage". Ensuite l'auteur analyse le besoin irrépressible de résister à la concurrence de l'autre dans le style inimitable de Libé, et c'est pour cela que je suis un lecteur assidu de ce journal qui souvent me fait bondir pour ceci où cela, mais que je lis toujours, parce que j'aime la lecture qu'il me procure et ce style particulier fait de décontraction et de savoirs et de compétence pour l'écriture. Je précise que je n'ai aucune action chez lui et que je n'ai aucune action nulle part. Cette analyse dit notamment: "Dès ses premières expériences de sociabilité, le petit enfant s'aperçoit que la plupart des ses camarades sont plus beaux et plus intelligents que lui, qu'ils obtiennent plus de gâteaux et de bisous, qu'ils sont plus forts, lui pissent à la raie et veulent globalement sa mort. Certes, il en existe aussi de moins bien lotis que lui, mais il ne les voit pas car il est assis dessus". C'est à partir de ce constat enfantin, imagé et réaliste que l'individu va développer de très nombreuses stratégies pour séduire, travailler, gagner sa vie, d'une façon générale être performant y compris au lit, afin de ne pas être un laissé pour compte.


La lutte pour la vie
Ainsi dès l'Antiquité, toujours selon l'article de Libé, Antiphon, sophiste du Ve siècle avant JC soignait les peines par la parole et serait ainsi un des précurseurs de la psychanalyse. Il est, Antiphon, l'auteur d'une phrase remarquable: "Il y a des gens qui ne vivent pas la vie présente: c'est tout comme s'ils se préparaient, en y consacrant toute leur ardeur, à vivre on ne sait quelle autre vie, mais pas celle-ci, et pendant qu'il font cela , le temps s'en va et il est perdu. on ne peut pas remettre en jeu la vie comme un dé qu'on relance." (ibid)
D'où le succès des méthodes de développement personnel  concernant la timidité, l'affirmation, la gestion du stress, la transformation de sa vie et dans cette "idéologie de la remise à niveau permanente, les vingt dernières années ont vu le triomphe et la déchéance  de l'injonction du "be yourself". Le mythe libéral notamment à travers les émissions de télé-réalité avec cette "régression politique" des candidats qui s"assoient sur les autres et leur "pissent à la raie" et, ceux plus cools qui se contentent d'être ce qu'ils sont mais qui ne sont pas très à la mode.
Ce que l'on ne peut nier, c'est que l'on évolue sans cesse, que l'on adapte ou modifie sa personnalité au gré des besoins, des relations et au fil du temps; que l'on se construit pour réussir ou résister ou simplement survivre. Que dit Michel Onfray dans cette ouvrage au titre prometteur, "La Sculpture de soi" qui laisse apparaître l'idée que derrière cette construction permanente à laquelle nous nous livrons, si nous n'avons pas de tendance suicidaire, il y a une sorte d'oeuvre à accomplir et de préférence une oeuvre d'art.    

 La sculpture de soi selon Michel Onfray

La métaphore de la sculpture est aisée à comprendre. Retournons en classe de lycée pendant quelques lignes. Le comparé de cette figure d'analogie est le soi. Le comparant est la sculpture, c'est à dire l'art de tailler la pierre, le bois ou d'autres matières, avec divers outils en vue de dégager des formes, des volumes, afin de créer un effet artistique. Se sculpter soi-même est donc un projet qui consiste à se donner une forme avec des critères esthétiques. On pense immédiatement à la sculpture du corps telle que le permettent des sports comme le body-building ou plus simplement la musculation, les diverses formes d'aérobics, atttendons par là, toutes les formes sportives en salle ou en plein air qui engage en même temps un effort cardiovasculaire.Il faut remarquer que tous les sports présentent cet aspect de construction esthétique du corps. Il n'y a qu'à se rappeler les images des derniers Jeux Olympiques pour comprendre combien cela est important. A la beauté du geste ou de la performance, s'ajoute la beauté des corps (et des esprits) et, ces beautés rassemblées créent ce spectacle magnifique.
A mon sens, Onfray ne doit pas dédaigner ce type de sculpture de soi  qui consiste en un surpassement du physique ordinaire, de l'esprit commun (pour éviter d'être accusé d'élitisme-commun donc-) qui permet une liberté; dans le sens où l'athlète s'affranchit un peu plus de la gravité, de la lenteur, de la faiblesse, de la peur, de l'adversaire...Il y a donc un aspect esthétique qui ressort de l'emploi de cette métaphore. La transformation de soi n'est pas seulement corporelle ou psychique ou encore pragmatique du type "Comment avoir confiance en soi," "Comment prendre la parole en public?, "Comment vaincre ses complexes?", ou bien analytique comme peuvent le proposer des thérapies classiques du type cure freudienne, cette transformation se place, en partie, dans le domaine esthétique. L'oeuvre personnelle, selon ce philosophe libertaire, a un rapport étroit avec le Beau, la Grâce, qui manquent singulièrement au monde postmoderne.



Une sculpture philosophique

Malgré l'attirance que je soupçonne chez Onfray vis à vis des athlètes de toutes conditions, c'est en philosophie que ce travail des belles formes va se placer.
"Pas d'oeuvre, donc sans maïeutique et sans cette capacité à solliciter la matière en gésine." Tel est le début du chapitre intitulé "De la sculpture ou l'avènement des formes" (p. 77 de La sculpture...Biblio, Essais.). Il faut remarquer que le sous-titre de cet ouvrage est "La morale esthétique" et l'on comprend que Michel Onfray ne va pas entraîner ses lecteurs dans des chemins très parcourus. Comme pour l'athlète qui allie la beauté du corps à celle de la performance, les recommandations philosophiques sur le Bien et le Mal vont se marier avec le Beau. Ce qui est rafraîchissant car avouons le, la morale, l'éthique, les règles, sont tristes. La chair n'est pas triste comme le disent les pisse-vinaigre. La chair est érotique,douce au toucher et au regard. Il apparaît donc totalement bizarre de la cacher sous des voiles, mais il s'agit d'un autre sujet, à évoquer avec prudence, afin d'éviter le destruction des ambassades.

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