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vendredi 31 décembre 2010

Amartya Sen, un économiste en lutte contre l'injustice (suite)


Amartya Sen enrichit la théorie du choix social par la prise en compte d'un certain nombre de préoccupations comme la perception de l'inégalité, l'opposition à l'utilitarisme, la place des droits et des libertés. Il considère que les procédures des choix politiques comme le vote ou les critères d'évaluation économique, le PIB par exemple, rassemblent peu d'informations sur la réalité de la vie sociale. ( se mettre un instant à la place d'un employé payé au SMIG, coincé dans les embouteillages, dans une voiture de 10 ans; quelle peut-être sa perception de la nouvelle d'une augmentation du PIB entendue à la radio, alors qu'il se demande, avec une certaine angoisse, si l'embrayage de son véhicule va tenir le coup et que dans le cas contraire, il aura du mal à payer les 600 euros nécessaires à la réparation?)
Le PIB est le calcul du revenu national,de ce qui a été vendu et acheté. Il ne révèle pas forcément quelque chose sur les inégalités sociales. Il faudrait pour cela que la croissance s'accompagne d'une hausse des salaires ou des revenus et d'une baisse des impôts et du chômage, ce qui est loin d'être le cas.

Son objectif est de fonder le choix social sur des éléments éthiques que l'économie pure et dure actuelle ignore.Selon Sen, et je partage son opinion, les individus ne raisonnent pas seulement en termes d'utilité, mais aussi de justice. Et il faut remarquer que le sentiment d'injustice, dans une société, est un mal sociologique grave qui nourrit la violence et dont on connaît les aboutissements.

La démarche proposée est simple et éminemment démocratique: rendre les indicateurs économiques plus proches des attentes des gens. Sen dit à ce sujet: "Ils (les gens) s'ntéressent au degré de liberté dont ils disposent. Pas de la liberté dans son sens étroit,mais au sens positif de ce que l'on peut réellement faire. Parce que si ne vous pouvez rien acheter, peu importe que personne ne vous en empêche." Philosophie, novembre 2010


                                                                      
                                                      
La commission Stiglitz

La Commission sur la Mesure de la Performance Economique et du Progrès Social a été créée au début 2008 sur l'initiative du gouvernement français. Il semble que cela ne soit rester qu'une initiative, pour l'instant, mais personnellement, j'y vois un début de remise en cause de l'économie ent tant que dogme souverain, ainsi que de son corollaire, le capitalisme financier.

à suivre.....Bon Réveillon....


                                                   

jeudi 23 décembre 2010

Chant des steppes




Le chant diphonique est une technique vocale qui permet à une seule personne de produire plusieurs notes simultanément.Cette polyphonie combine divers types de voix, de gorge, de tête par exemple.C'est une particularité que l'on trouve dans diverses musiques traditionnelles du monde et spécialement chez les Mongols.
J'ai choisi cet extrait sur Youtube, particulièrement représentatif et beau.Un bol d'air vivifiant des steppes de l'Asie Centrale.




****http://www.youtube.com/watch?v=0M3YFK3sJ54***

lundi 20 décembre 2010

La lutte d' Amartya Sen, Prix Nobel d 'Economie, " Supprimer l'injustice partout dans le monde"




Présentation

Amartya Sen est né en 1933 à Santiniketan au Bengale dans une famille d'universitaires. Il a fait des études d'économie et de philosophie à l'Université de Calcutta et à Cambridge.
Prix Nobel d'économie en 1998, membre de "la commission Stiglitz" en 2008 sur la mesure des performances économiques et du progrés social, il est l'auteur de nombreux ouvrages de renommée internationale dont on peut citer: "Ethique et économie, Puf, 1993." "La Démocratie des autres, Rivages poche, 2005.", "Identité et violence, Odile Jacob, 2007." et un rapport passé plutôt inaperçu pour cause de dogmatisme libéral de la plupart des médias, "Richesse des nations et bien-être des individus." en collaboration avec Joseph Stiglitz et Jean-Paul Fitoussi qui est le résultat des travaux sur la mesure des performances économiques et sociales dont la proposition phare est la multiplication des indicateurs sur lesquels se fondent les décisions politiques et qui pose également la question de la "soutenabilité", c'est à dire la possibilité de maintenir le niveau actuel de bien-être pour les générations à venir. Ce qui n'est pas gagné.


                       
Eléments de biographie

Amartya Sen a été très marqué par la situation de grande famine qui a frappé son pays en 1943. Très jeune à cette époque, il était déjà le témoin de l'obsession  de ses compatriotes de se libérer de la domination des Anglais qui pratriquaient la détention préventive, pour des raisons politiques.Alors qu'il avait 9 ans, les Japonais s'étaient emparés de la Birmanie et bombardaient Calcutta, privant du même coup les Britanniques des récoltes birmanes nécessaires, notamment à l'approvisionnement de leurs troupes. En s'appropriant à     n'importe quel prix les ressources alimentaires de la région les occupants furent à l'origine d'une famine désastreuse qui se solda par 2 à 3 millions de morts.
L'aide aux populations ne fut apportée que quelques mois plus tard lorsque la presse osa défier la censure.
Ce fut pour Sen le point de départ de sa réflexion et de son engagement humaniste. Il dit à ce sujet:

" Seuls les pauvres étaient touchés. Ensuite je n'ai pas compris comment un phénomène aussi massif pouvait être stoppé...dés lors que le gouvernement était mis en demeure de s'en occuper. J'en ai tiré une leçon sur l'absence de famine en démocratie... Enfin, il m'a fallu des années pour comprendre le rôle fondamental d'un espace public dans la prévention des catastophes de ce genre."                                                      (Philosophie, novembre 2010,p. 60.)







 La théorie du choix social 

Sen est influencé par Condorcet, mathématicien, penseur social et philosophe et aussi par Adam Smith et plus tard par Kant, Marx et John Stuart Mill qui ont réfléchi à la façon dont se passe la vie des gens dépendant des valeurs, des autorités, des choix, des posssibilités qui leurs sont offertes. Il en retient deux enseignements: " D'une part ne pas se concentrer sur les institutions, mais d'abord sur les existences réelles que les gens parviennent ou ne parviennent pas à vivre. D'autre part, ne pas se concentrer sur la définition d'une société parfaitement juste, mais privilégier l'exercice pratique: comment éliminer l'injustice."   ( ibid, qui est une locution latine qui signifie "au même endroit", là c'est le prof qui ressurgit.)

La théorie du choix social remonte aux Lumières lorsque apparaît la volonté de construire rationnellement l'ordre social afin d'éviter l'arbitraire et l'instabilité et de trouver des procédures efficaces et démocratiques.
Dans les années 1950, un économiste, Kenneth Arrow, auteur de "Choix collectifs et préférences individuelles" donne à ce type de recherches des fondements scientifiques en définissant les conditions que doit respecter toute procédure de décision sociale, le vote, le marché, l'évaluation économique.. et aboutit selon le mot de Sen à des résultats "ahurissants": il est impossible que les décisions collectives intègrent réellement les souhaits individuels.
Nous sommes là au coeur même de la problématique sociale.
  

                                         

L'enjeu du choix social     

L'enjeu du choix social est de déterminer s'il existe des procédures capables d'agréger, de rassembler les préférences individuelles de manière relativement rationnelle, c'est à dire d'imaginer dans quelles conditions une colllectivité puisse classer des états sociaux en se fondant sur les préférences individuelles.
  ( source, Encyclopédie Universalis en ligne)

L'apport d'Amartya Sen

Sen enrichit donc cette recherche en direction de la théorie du choix social par la prise en compte d'un certain nombre d'idées, de préoccupations comme la définition de l'inégalité, l'opposition à l'utilitarisme, la place des droits et des libertés dans l'évaluation du bien-être colllectif ce que ne peut faire que très incomplètement des indicateurs comme le PIB, la balance extérieure du commerce ou les cours de la Bourse, bien que ceux-ci restent valables tout en étant très incomplets.
Selon Arrow, qui formule l'impossibilité de trouver une procédure de choix collectif et rationnel, les raisons  en sont:
- l'ordinalité, on ne peut pas établir d'indicateurs qui tiennent compte de l'intensité des aspirations individuelles et collectives;
- l'universalité, toutes les préférences sont possibles;
- le refus politique des coparaisons interpersonnelles entre les préférences.

  Sen étudie les possibilités d'aller au delà de cette théorie: " Mon travail a consisté à intégrer à la théorie du choix social des éléments d'éthique ou de justice sociale. Les individus ne raisonnent pas qu'en terme d'utilité, mais aussi de justice. Et ils ont des critères de justice différents. Souvent on réfléchit à ce qui arrive à un groupe entier. Mais nous sommes des êtres individuels. Nous avons des intérêts, des valeurs et des jugements différents. Il faut partir des individus pour arriver aux jugements sociaux, des jugements sur le bien-être social ou sur la liberté offerte par une société."       (ibid)


à suivre